Le paillis

Le paillis
10 Juin 2015

Plusieurs façons d’enrichir le sol

Il existe plusieurs moyens de prendre soin de la végétation sur son terrain. Un propriétaire consciencieux de l’importance de la nature, tant sur le plan du bien-être que de l’esthétique, surveillera attentivement la santé de ses plantes et de ses arbres. En effet, que ce soit en s’impliquant personnellement ou en faisant affaire avec un élagueur, le citoyen consciencieux  investira du temps et de l’argent pour assurer la longévité de son paysage vert. Lorsque les consommateurs demandent de l’aide à un expert en arboriculture pour le maintient de la santé de ses arbres, la réponse est toujours la même : il faut opter pour un élagage minimal et un soin du sol maximal. En effet, contrairement à une opinion populaire, l’émondage excessif ne donne pas de force à l’arbre. La règle de l’art en taille d’arbre est de couper le stricte nécessaire. Alors, si l’on veut assurer la vigueur des nos arbres, la solution se trouve dans le sol, là où l’arbre puise ses nutriments.  La plupart des conseils abondent dans le sens de l’ajout d’azote, de compost ou d’engrais. Or, les arboriculteurs se promènent avec un matériau dans leurs camions, il s’agit du paillis, et celui-ci possède des vertus dont il serait avantageux de prendre connaissance.

Enrichir par le paillis

Il existe une façon de contribuer à la santé des arbres qui consiste à leur redonner leur bien. Cette méthode est mieux connue en arboriculture sous le nom de bois raméal fragmenté ou BRF. La méthode BRF consiste à prendre le paillis produit par le déchiquetage des branches coupées lors de l’élagage et de l’étaler autour de l’arbre pour que le sol et le système racinaire bénéficient de ses nombreuses vertus. Beaucoup connaissent les vertus de rétention d’eau du paillis, qu’on appelle le mulch une fois étendu, mais peu savent que son action va bien au-delà. En effet, des recherches ont été menées au Canada depuis les années 1970 sur les bienfaits du BRF et des découvertes impressionnantes ont depuis été publiées. Il a entre autres été observé que l’utilisation de ce reste d’élagage aide à la rétention de l’eau et de l’azote, tout en aidant le sol à produire des micro-organismes bénéfiques tant pour la terre que pour l’arbre. De plus, en aidant la terre à produire insectes, champignons et bactéries, les résultats démontrent que l’arbre s’en retrouve protégé contre les maladies et parasites.

Puisque les élagueurs avec lesquels vous faites affaire produisent sous vos yeux ce matériau si bénéfique, pourquoi ne pas considérer leur demander d’en étendre autour de vos arbres la prochaine fois que des travaux seront effectués sur votre terrain.

La méthode BRF

La composition du BRF

Le BRF est essentiellement le bois fragmenté, résultat des travaux d’élagage de vos arbres, à cette exception que le bois y est ici spécialement sélectionné. Lorsque vous demandez un BRF à votre émondeur, celui-ci prendra le soin de séparer le bois selon sa grosseur. Les branches de plus de 7 cm de diamètre seront ainsi exclues, pour ne conserver que les rameaux, ceux-ci possédant un apport plus riche en nutriments et en éléments qui feront toute la différence lors de la décomposition. De plus, les élagueurs doivent s’assurer que le  BRF en question ne contienne pas plus de 20 % de conifère pour ne pas acidifier le sol.

Le mulch pour les arbres urbains

Bien qu’un agriculteur optera, lors de la distribution du BRF, pour un sol creusé dans les premiers centimètres, les émondeurs qui en font l’application pour les arbres en situation urbaine le font généralement sous forme de mulch, c’est-à-dire en répandant le paillis en surface. En effet les objectifs de performances de ces derniers ne sont pas les mêmes que pour les arbres ornementaux. L’objectif en arboriculture urbaine est de prodiguer une aide à long terme pour la santé de l’arbre et non pas à augmenter drastiquement sa croissance comme s’il s’agissait d’un légume de ferme!

Attention aux jardins

Nous avertissons cependant ceux et celles qui ne se limitent pas à l’arboriculture, mais qui voudraient aussi utiliser cette méthode pour leur jardin. Les spécifications y sont plus compliquées et certaines cultures peuvent nécessiter certaines essences de paillis en particulier. Voici un article qui pourrait vous aider : www.terrevivante.org

Les bienfaits pour l’humidité

Le paillis, un réservoir d’eau

Une découverte extraordinaire sur le BRF est la résistance à la sécheresse des sols qui en ont reçu le traitement. Le paillis agit comme une sorte de réservoir d’eau. On calcule la capacité d’absorption des fragments à 350 kg d’eau par mètre cube. Par suite, puisque le plus important du BRF est sa transformation lors de sa décomposition, les champignons bénéfiques (la mycorhize par exemple) qui proliféreront aideront à leur tour la rétention d’eau, tout en faisant symbiose avec le système racinaire pour une meilleure assimilation.

La production d’humus et l’humidité

Au fil des années, la décomposition du carbone générera de l’humus qui à son tour permettra un maintien de l’humidité tout en enrichissant le sol. (Notez que le rapport carbone/azote est assez haut, ce qui ralentit la production d’humus, il est possible de l’accélérer en ajoutant manuellement de l’azote, ou en plantant une légumineuse comme le trèfle).

Les bienfaits pour l’azote

Un réservoir d’azote

Un des engrais par excellence pour les arbres est l’azote. Par contre, en ajoutant manuellement de l’azote, celle-ci est souvent assimilée rapidement par l’arbre et peut même être perdue par l’évaporation. Ici, les capacités de rétention d’eau s’appliquent à l’azote. Les recherches ont en effet démontré que le paillis absorbe l’azote pour le libérer doucement lors de la décomposition et la production d’humus. Pour un mètre cube, le BRF possède d’emblée 1.8 kg d’azote.

Concevoir une production continue d’azote

Pour une dispensation continue d’azote, nous suggérons de faire usage d’une légumineuse comme le trèfle, car celui-ci puise l’azote de l’air et la fixe au sol. Ainsi, utiliser le paillis avec le trèfle permettra un apport équilibré en azote, et ce, naturellement.

Les micro-organismes

Nourrir la vie du sol

Un autre bienfait du point de vue de l’arboriculture, et peut-être le principal, est la génération de vie que produit le paillis lors de sa décomposition. C’est ici la différence et l’avantage du BRF par rapport à l’engrais ou au compost. En effet, l’engrais ou le compost nourrit l’arbre, alors que les rameaux fragmentés nourrissent la vie du sol pour l’enrichir de façon durable. Benoit Noël, un pionnier de la méthode BRF l’explique ainsi : « [ces] organismes jouent des rôles essentiels : ils constituent la structure du sol (champignons, bactéries), ils favorisent l’aération et la circulation de l’eau en creusant des galeries (pédofaune), ils permettent une bonne gestion des nutriments (mycorhizes, rhizosphère), ils aident les plantes à lutter contre les maladies. » (NOËL, Benoit, Plus de carbone pour nos sols, Un outil pour une agriculture durable respectueuse de l’environnement, Centre des technologies agronomiques, Stree-Modave, Belgique, Collection l’Agriculture de demain, 2005 Direction générale de l’Agriculture, Ministère de la Région Wallonne p.07 : www.ctastree.be).

Un système immunitaire pour le sol

Plutôt que d’opter pour des solutions polluantes comme les insecticides, les élagueurs devraient compter sur la nature pour qu’elle fasse elle-même son travail. En effet, pour telle race de champignon, ou telle race d’insecte, il existe bien souvent des prédateurs naturels qui peuvent nous débarrasser des indésirables. Avec la vie générée par le BRF, les maladies ou insectes nuisibles seront combattus par les micro-organismes et champignons (attention de ne pas mettre de fongicide, nous voulons garder les bons champignons). Parmi la flore nouvellement produite se créeront des antibiotiques naturels ainsi que des prédateurs naturels contre les parasites, sans compter une prolifération mycorhizes.

Alors, pourquoi laisser partir votre arboriculteur avec les débris d’élagage? Il est certain que ceux-ci offrent des bénéfices à long terme, tout en donnant une finition esthétique. Discutez avec votre élagueur expert du type de bois à utiliser ainsi que la quantité. Puisque ce BRF est déjà à vous, profitez-en, votre praticien vous fera un prix pour le temps de travail pour la distribution, mais le vrai travail se fera par la vie du paillis, et celle-ci est gratuite et durable!

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Dominic Perugino

Comments

  1. […] préfère un sol bien humide ; l’application de paillis en forme de cuve autour de l’arbre serait un moyen de le garantir. Avec un enracinement […]

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