Le sorbier d’Amérique
19 Août 2024
Sorbus americana
Vous cherchez un arbre indigène, pas trop gros, que vous pouvez planter près de votre maison, qui s’adapte aux petits jardins, qui fait de la couleur et qui attire la faune? Je vous présente : le sorbier d’Amérique. Ce dernier trouve la majorité de son aire de répartition au Québec. Arbre décoratif aux fleurs et aux fruits colorés, le sorbier d’Amérique s’offre comme une belle alternative au pommier. Contrairement à ce dernier, il conservera la petite place que nous lui aurons accordée. Pour les rares fois que nous le rencontrons, on se met en faute de trouver son origine en pépinière, car il se présente généralement comme arbre distribué par la nature et non par l’homme. En effet, avec les oiseaux qui transportent les semences un peu partout, les spécimens dans notre jardin s’y trouvent souvent sans que nous les ayons plantés nous-mêmes.
Petit arbre coloré de chez nous
Le sorbier d’Amérique est un petit arbre au tronc court et avec une masse foliaire légère dont on peut facilement voir au travers. Fragiles et croches, les branches poussent vers le haut pour une cime étroite et arrondie. En ville, on voit souvent des sorbiers avec plusieurs troncs, dont l’écorce est brun grisâtre. Celle-ci sera lisse, surtout pour les arbres matures, mais elle se détache et s’exfolie comme du bouleau à papier. Poussant lentement, sa hauteur ne dépasse pas les dix mètres, pour une largeur de cinq mètres.
Les feuilles
Les feuilles composées du sorbier d’Amérique font penser celles du févier. Chaque feuille est un rassemblement d’environ 11 à 17 petites folioles étroites et pointues d’environ cinq centimètres de longueur. Elles sont vert pâle en été et deviennent jaune orangé, parfois rougeâtre à l’automne. Elles laissent passer l’air et la lumière avec une distribution dégagée sur l’arbre.
Les fruits, les fleurs et la faune
Un petit arbre à fruit léger qui ne procure ni d’ombre ni intimité; on peut se demander s’il en vaut la peine. Or, laissant pour l’instant les arguments qui pourraient justifier l’esthétique de la discrétion du sorbier d’Amérique, parlons de tout ce qu’il apporte. Un jardin de ville est un assemblage de végétaux et de structures esthétique, mais que serait un jardin sans les animaux qui sont attirés par ceux-ci?
C’est la différence entre un beau jardin et un magnifique jardin. Le magnifique jardin ne se contente pas de présenter une beauté visuelle, il est un microcosme qui symbolise un ordre naturel paradisiaque, où l’être humain, les animaux et la flore sont en parfaite harmonie. On s’y rend pour voir le beau, mais aussi l’entendre et interagir avec.
Comme arbre d’ici, les fruits du sorbier d’Amérique attirent les animaux d’ici. Les observateurs d’oiseaux seront ravis par la visite d’espèces comme le tétras des sapins, jaseur boréal, geai, moqueur de chat, merle, rouge-gorge, lagopède et autres. Les oiseaux aiment tellement cet arbre qu’ils le cultivent en répandant sa semence… D’autres petits mammifères profiteront de sa présence, de même que certains rongeurs comme l’écureuil et le lièvre. Le cerf de Virginie et l’orignal se nourrissent aussi des branches et des feuilles.
Mentionnons que le fruit, tel quel, n’est pas comestible. Les petites baies rouges de six à dix millimètres que l’on appelle les sorbes ont besoin de cuisson pour neutraliser les tanins et l’acide parasorbique. Par ailleurs, les baies poussant en grappes auront un goût amer désagréable, ce qui devrait immédiatement vous alarmer à la possibilité d’empoisonnement. Les fruits mûrissent en août et persistent sur l’arbre tout l’hiver. Certains indiquent de les cueillir en saison hivernale, prétendant que l’amertume et les toxines sont éliminées par le froid, mais les sources n’en présentent guère de preuves, il faut donc exercer la caution.
Hormis les fruits qui sont décoratifs en soi, les fleurs qui les précèdent sont dignes d’intérêt. Les grappes de fleurs blanches d’environ cinq centimètres attirent les pollinisateurs, comme les abeilles et certaines espèces d’oiseaux. La façon dont les fleurs sont rassemblées pour former des boules coniques fait penser à des petites répliques du lilas japonais.
Conditions optimales
Pour une plantation, les oiseaux pourraient ne pas suivre mon conseil, vous, en revanche, devriez. Un sorbier d’Amérique préfère un ensoleillement abondant. On lui choisira un sol sableux, acide et très humide, sachant qu’il peut proliférer dans les marécages. Ceci dit, il est apte à s’adapter à d’autres types de sols.
La tolérance au froid est exceptionnelle. On peut le planter presque partout au Québec, aussi loin au nord que Rouyn-Noranda.
Pour la vaste majorité des arbres, on suggère une plantation à un minimum de trois mètres des fondations. Pour le sorbier, on peut faire une petite entaille à cette règle. Dans les meilleures données statistiques pour les problématiques liant les racines d’arbres à des dommages de fondations, le sorbier apparaît comme le moins risqué. Je recommande toutefois de respecter une distance d’un minimum d’un mètre et demi.
Élagage et entretien
Puisque l’arbre est assez petit, il ne devrait pas avoir besoin de beaucoup d’élagage, du moins, en ce qui concerne la préservation des structures urbaines. Toutefois, avec le va-et-vient des animaux et insectes, il se peut que l’arbre soit infecté par des maladies. On suggère d’éliminer les branches avec des amas de feuilles brunes en été. On peut aussi enlever les branches mortes dès leur apparition. Avec sa hauteur modeste, presque tout peut être fait avec un sécateur sur perche à partir du sol. D’expérience, le sorbier a la santé fragile, il est donc de mise de le faire inspecter par un professionnel si on remarque une mortalité élevée des branches.
Utilisations
Pour une utilisation urbaine, on peut seulement recommander le sorbier d’Amérique comme arbre d’ornement. Il ne fera pas d’ombre et pas non plus d’intimité. En revanche, il embellira votre jardin de ses couleurs et de ses animaux.
Il peut aussi être un tout ou une partie d’un aménagement comestible. Une fois bien apprêtées, les sorbiers peuvent être utilisées pour la confection de tartes, confitures et gelées. N’oubliez pas les risques inhérents d’intoxication dans l’utilisation de fruits chargés de tanins et d’acides indigestes. Accompagné de pommiers, mûriers et amélanchiers, vous pourriez livrer votre jardin à votre imagination pour la création de recettes originales.
Maladies et insectes
Le sorbier souffre facilement de la brûlure bactérienne, une maladie qui atteint surtout les pommiers et les poiriers. Les oiseaux, en particulier, peuvent lui transmettre l’infection. Le meilleur traitement est d’enlever les branches atteintes, qui se reconnaissent à ses branches aux feuilles sèches et brunes qui demeurent en pleine saison estivale. Certains insectes peuvent aussi s’en prendre à ses feuilles, comme la tenthrède du sorbier. Celui-ci consomme les feuilles, créant ainsi une carence en énergie, mais le dépérissement entraîne rarement la mort. On peut gérer la présence du défoliateur en enlevant les branches infestées de larves.
Sources
Després, Catherine, et Ariane Desjardins, Abécédaire des arbres de A à Z, Éditions Petite Fleur., 2019.
Farrar, John Laird, Les arbres du Canada, Les Editions Fides, 1996.
Innes, Louise et al., Principales maladies des arbres au Québec, Québec, Publications du Québec, 2006.
Pellerin, Gervais et Hydro-Québec, Répertoire des arbres et arbustes ornementaux: 1760 espèces et variétés de végétaux du Québec, Montréal, Hydro-Québec, 2010.
Williams, Michael D, Guide d’identification des arbres du Québec et de l’est de l’Amérique du Nord, Saint-Constant, Québec, Broquet, 2008.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Sorbier_d%27Am%C3%A9rique#:~:text=Le%20Sorbier%20d’Am%C3%A9rique%20(Sorbus,de%20l’Am%C3%A9rique%20du%20Nord. (consulté le 15 mars 2024)
https://en.wikipedia.org/wiki/Sorbus_americana (consulté le 15 mars 2024)
https://ru.wikipedia.org/wiki/%D0%A0%D1%8F%D0%B1%D0%B8%D0%BD%D0%B0_%D0%B0%D0%BC%D0%B5%D1%80%D0%B8%D0%BA%D0%B0%D0%BD%D1%81%D0%BA%D0%B0%D1%8F (consulté le 15 mars 2024)
https://az.wikipedia.org/wiki/Amerika_qu%C5%9Farmudu (consulté le 15 mars 2024)
https://aimfc.rncan.gc.ca/fr/arbres/fiche/71 (consulté le 15 mars)
https://www.ontario.ca/fr/page/sorbier-damerique (consulté le 15 mars 2024)
https://aimfc.rncan.gc.ca/fr/insectes/fiche/1000090 (consulté le 15 mars 2024)
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