Avantages des arbres en milieu urbain


12 Avr 2018

Introduction

Avec l’accès à l’information que nous avons tous, il est difficile d’ignorer que la présence des arbres en milieu urbain comporte des bénéfices incalculables. Pour ce qui est des bénéfices écologiques, sans connaître tous les détails, tout le monde sait que l’abondance d’arbres matures est essentielle pour combattre la pollution. Pourtant, bien des gens s’abstiennent de planter des arbres et beaucoup désirent faire abattre les arbres matures qu’ils ont. Ceci, sous prétexte que les arbres apportent des désagréments, comme le ramassage des feuilles, l’ombre sur la piscine ou encore la nécessité d’un entretien rigoureux pour la sauvegarde des structures immobilières. Peut-être que les informations que nous détenons concernant les bienfaits des arbres en milieu urbain ne sont pas assez convaincantes. Notre but dans cet article est d’apporter plus de précision quant aux avantages de planter et de préserver nos arbres urbains, ainsi que d’élargir nos horizons. Nous voulons démontrer qu’il a des bénéfices sociaux autant qu’environnementaux, mais aussi, d’insister sur le fait que l’investissement sur l’entretien des arbres est aussi un investissement sur la valeur de nos propriétés.

Les avantages sociaux

Les avantages dont nous faisons l’expérience au quotidien grâce aux arbres, et dont nous ne voudrions jamais être privés, sont d’abord et avant tout d’ordre physique et mental. Des recherches ont en effet démontré que la présence abondante d’arbres matures dans un milieu donné contribue à réduire le stress et à augmenter la santé mentale. On ne se rend peut-être pas compte de l’importance de l’impact de la beauté des arbres sur notre état psychologique, mais imaginons que nous abattions tous les arbres de votre parc préféré. N’est-ce pas que votre pique-nique ou votre temps de lecture en plein air perdrait une bonne partie de leur valeur? Perdre ces arbres, ce ne serait pas seulement perdre cet éclat de beauté visuelle, mais aussi voir plus de béton, entendre plus le bruit des véhicules en circulation, ne plus entendre les oiseaux chanter qui étaient autrefois à l’abri dans ces arbres.

Des chercheurs en biophilie (l’étude de l’interaction entre l’humain et la nature) on fait une expérience qui prouve les bienfaits des arbres sur la santé mentale. Des cobayes devaient faire une promenade avant de revenir faire un examen qui testerait leurs capacités cognitives. Une moitié du groupe devait passer par des lieux dénués d’arbres, alors que l’autre devait passer par des parcs et des rues bien ornementées par des arbres matures. Cette expérience a démontré un avantage pour ceux qui ont emprunté le chemin vert, avec des résultats cognitifs supérieurs.

D’autres recherches ont été conduites sur la mémoire humaine. En demandant à des adultes de parler de leurs plus beaux souvenirs d’enfance, presque tous contenaient des références à la nature et aux arbres. Nous pouvons faire l’exercice nous-mêmes : fermons les yeux et cherchons dans notre mémoire nos plus beaux souvenirs, ceux qui ont marqué notre enfance. Plusieurs de ces souvenirs auront une dette envers les arbres pour l’ambiance paisible et propice au développement de l’enfant que nous étions.

Du reste, les bienfaits sociaux sont d’ordre ornemental. Nous aimons que l’intérieur de notre maison soit beau et bien décoré, ceci s’applique tout autant à l’extérieur. Chaque fois que nous complimentons la beauté d’un quartier, les arbres sont les principaux responsables. Or, chacun de ces arbres est sur la propriété de quelqu’un qui doit l’entretenir, cela aussi est fondamental. De ce point de vue, planter un arbre sur sa propriété ou entretenir adéquatement celui que nous avons est un geste envers tout le voisinage. C’est la qualité de vie qui augmente pour chaque arbre planté, en offrant cet équilibre entre urbanisme et nature. Chaque arbre est comparable à une braise : plus il en a, plus c’est efficace. Si chacun participe à la cause, les milieux urbains seront protégés contre le bruit, la chaleur, la pollution, mais aussi contre la laideur. Est-il logique de vivre dans un milieu gris et ornementé de béton pour ensuite passer nos fins de semaine au chalet? Il semble plus rationnel de penser que l’endroit où nous passons la majorité de notre vie doit être un milieu rempli de beauté naturelle et d’air frais.

Les avantages économiques et environnementaux

Nous mettons ici ensemble ces deux avantages, car nous jugeons trop souvent les choses avec une fausse dichotomie, comme si l’économie et l’écologie étaient des principes opposés dont le défi consisterait à créer un équilibre. Ce n’est peut-être pas toujours faux, un choix écologique peut engendrer une dépense, mais, de manière générale, le choix écologique revient à un choix économique, ne serait-ce qu’à long terme.

En ce qui concerne les arbres en milieu urbain, cependant, il semble que la corrélation entre l’écologie et l’économie soit immédiate. Stratégiquement disposés, les arbres peuvent contribuer à réduire la consommation pour le chauffage, et même pour la climatisation. En effet, il est possible de réduire l’impact des vents froids de l’hiver en plantant des conifères vis-à-vis de la façade ouest d’une maison. Il s’agit bien sûr de conifères puisque nous cherchons à conserver le volume végétal qui procure cette isolation, en ce cas bien précis, il faut éviter le mélèze puisqu’il perd ses aiguilles en hiver.

Pour ce qui est de la climatisation, des arbres peuvent aider, surtout si notre maison a été intelligemment disposée vers le sud, avec une grande fenêtre en façade pour absorber les rayons du soleil en hiver. Or, en l’absence d’arbres, cet avantage peut devenir un désagrément lors d’une canicule et il faut fermer les rideaux en plein jour, ce qui n’est pas forcément agréable. C’est ici que l’arbre ornemental peut venir à la rescousse. En choisissant un feuillu, plus ou moins garni ou clairsemé selon notre situation, et en plantant celui-ci au sud de la maison, on règle le problème. L’été, l’arbre aura ses feuilles et agira comme parasol, donnant de l’ombre selon l’essence que nous aurons choisie. Par exemple, un érable de Norvège ne laissera aucune lumière passer, tandis qu’un févier laissera quelques rayons de soleil pénétrer dans votre maison. L’hiver venu, les feuilles tomberont et l’arbre ne bloquera plus les rayons du soleil et ceux-ci viendront réchauffer votre maison. Ceci semble plus avantageux, plus beau, plus écologique sur tous les points, plus agréable pour tous, tout en étant plus économique quant à la consommation d’énergie.

Notons aussi en passant que les arbres, s’ils sont bien entretenus et bien fournis, réduisent les îlots de chaleur dans les milieux urbains. On peut observer la différence de température que peuvent procurer les arbres sur la carte suivante représentant la région de Montréal.

Distribution de la température de surface pour la ville de Montréal

Distribution de la température de surface pour la ville de Montréal

Ce qui saute aux yeux sur cette carte est le petit pois vert qui représente le Mont-Royal. Malgré toute la chaleur présente dans la ville, ce parc demeure un îlot de fraîcheur précieux pour les montréalais.

Nous ne croyons pas avoir besoin, ici, d’indiquer les effets purificateurs des arbres, ils sont connus de tous. Ajoutons tout de même d’autres bénéfices écologiques qui sont moins connus. Les arbres contribuent à la réduction des ruissellements, des glissements de terrain et des inondations. Certains pays où les arbres n’ont pas été suffisamment protégés, ou des endroits où la pauvreté a forcé les habitants à abattre les arbres pour des questions de survie subissent aujourd’hui de véritables catastrophes à cause du manque d’irrigation et de stabilité que seuls les arbres peuvent fournir. C’est pourquoi, par ailleurs, il est interdit d’abattre les arbres situés près des bandes riveraines, car ils sont essentiels pour maintenir le sol en place et prévenir l’érosion.

En dernier, mais certainement pas le moindre en importance, il faut avoir conscience d’un fait capital : l’arbre augmente la valeur immobilière. Ceci dit, le temps, l’effort et l’argent investis pour l’entretien d’un arbre mature ou en voie de le devenir, ne sont jamais perdus. La présence d’arbres, surtout s’ils sont plantés intelligemment, c’est-à-dire les bons arbres aux bons endroits, et s’ils sont bien entretenus, peut augmenter la valeur d’une propriété jusqu’à plus de 15 %. Il semble que ce soit ce que l’on cherche lorsqu’on magasine une maison. On se fie à un sentiment intérieur : une maison ornementée d’arbres est chaleureuse, elle nous invite à y faire notre nid. Une maison sans arbre est impersonnelle et froide, elle laisse avec un sentiment de vide. Cette valeur augmentera d’autant plus si tout le voisinage s’y met, en effet, ce n’est pas seulement la maison elle-même qui est visitée, mais le quartier dans lequel on ira se promener en couple et en famille, personne ne veut faire une promenade pour contempler de l’asphalte et du béton!

Conclusion

Avec tout ce que l’on sait, il n’y a pas d’excuses à préférer son terrain sans arbre. Il y en a pour tous les goûts, au besoin, on peut consulter un manuel, comme le Répertoire des arbres et arbustes ornementaux d’Hydro-Québec. Si c’est la hauteur qui vous effraie, il y a des essences qui restent plus petites, les fleurs, les insectes, les déchets.  Chaque arbre a ses caractéristiques propres, il y a un arbre qui convient pour chaque lieu et chaque situation, il s’agit de savoir choisir.

Sources

Kellert, S.R., « Biophilia », dans Sven Erik Jørgensen et Brian D. Fath (dir.), Encyclopedia of Ecology, Oxford, Academic Press, 2008, p.462‑466.

Pellerin, Gervais, et Hydro-Québec, Répertoire des Arbres et Arbustes Ornementaux: 1760 Espèces et Variétés de Végétaux du Québec, Gouvernement du Quebec, publications vendues, 2010.

Distribution de la température de surface pour la ville de Montréal: http://cerfo.qc.ca/index.php?id=11&tx_ttnews%5Btt_news%5D=32&tx_ttnews%5BbackPid%5D=2&cHash=80e9d3b119

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Dominic Perugino

Comments

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  2. […] arbres est un sujet de plus en plus récurrent. La science moderne nous a permis de constater les bienfaits des arbres non seulement sur la qualité de l’air, mais sur la santé générale de la population. Il […]

  3. […] pour son feuillage dense qui procure un ombrage agréable et sa taille appropriée pour le milieu urbain, il reste qu’il fait partie des essences envahissantes. Comme le dit son nom, l’érable […]

  4. […] flore et d’une végétation adéquate en milieu urbain est aujourd’hui absolument primordiale. Les arbres purifient l’air, réduisent les îlots de chaleur, contribuent à maintenir la faune (insectes et animaux), […]

  5. […] hêtre américain, ou hêtre à grande feuille est un arbre urbain sous-évalué. Sans nier qu’il puisse être sensible à certains éléments de la réalité […]

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