Le frêne blanc d’Amérique

Fraxinus americana - Frêne blanc d'Amérique - White Ash leaves
29 Mar 2022

Fraxinus americana

Avec la maladie de l’agrile du frêne, on peut se demander : pourquoi écrire un article sur une essence de frêne? En fait, la population des frênes du Québec n’est pas encore disparue, et de nombreux citoyens et plusieurs municipalités ont fait le choix de traiter leurs arbres contre le ravageur. La cause n’étant pas perdue pour ceux qui protège de façon préventive leur arbre, il vaut encore la peine de faire l’éloge de cet arbre indigène du Québec.

Poussant partout dans l’est des États-Unis, dans la région forestière de l’Acadie, dans le sud de l’Ontario et du Québec, c’est un des arbres indigènes de notre région le plus répandu, du moins, ce l’était avant les ravages de l’agrile. Le bois de frêne, par sa dureté, est un matériau de choix pour la fabrication de manches d’outils, d’articles de sport, etc. En outre, par sa forme élégante, sa résistance à la pollution, la solidité de ses branches et sa rusticité, le frêne blanc d’Amérique s’est imposé aux paysages urbains partout au Québec. C’est, entre autre, pourquoi leur traitement préventif est aussi important, puisque l’abandon de cette essence à la maladie risque de décimer une majeure partie des forêts urbaines.

Un arbre solide et gracieux

Quand on observe un grand frêne blanc d’Amérique mature, on peut immédiatement remarquer sa carrure, sa symétrie et sa noblesse. Les feuilles, les ramures et les branches, poussent toutes opposées les unes aux autres, ce qui donne cet aspect régulier, presque mathématique. La cime est étroite, donnant à son port autrement ovoïde, un aspect communément pyramidal. À la fin de sa croissance, il peut atteindre entre 25 et 30 mètres de hauteur et une largeur d’environ 12 mètres. Il nécessite donc de lui trouver un emplacement où il pourra prendre beaucoup d’espace. Avec l’âge, la répartition des branches donne une masse foliaire ouverte, ce qui peut procurer une ombre modérée avec quelques percées de soleil.

Frêne blanc mature - Forêt des Laurentides au Québec

Frêne blanc mature – Forêt des Laurentides au Québec

Le tronc est aussi ce qui ajoute un aspect de rectitude. Il est droit, à l’équerre, avec une écorce grise argentée qui s’orne de minces crêtes rigides en formes de losanges éparpillés avec régularité. Lorsqu’il est planté en ville, le frêne blanc d’Amérique aura tendance à avoir une couronne assez basse, ce qui peut donner l’avantage de procurer plus d’intimité.

Les feuilles sont composées de 5 à 9 folioles ovales opposées. Au printemps, elles mettent du temps à arriver. En été, elles sont vertes foncées, presque bleutées. À l’automne, elle seront jaunes.

Feuilles à folioles multiples du frêne blanc

Feuilles à folioles multiples du frêne blanc

Les fruits et la faune

Comme il s’agit d’un arbre indigène du Québec, il contribue à la faune d’ici. Ses graines nourrissent en effet de nombreux oiseaux et petits mammifères. Du reste, les fleurs et les samares ne sont guères remarquables. Par contre, pour ceux qui ont un frêne près de leur piscine, il faut compter sur une fructification abondante à tous les trois ans. Les samares persistent aussi dans l’arbre pour une bonne partie de l’hiver.

Conditions optimales

Il s’agit d’un arbre qui apprécie une terre moyennement humide et bien drainée. Dans un sol profond, son enracinement sera également profond. Il tolère légèrement l’ombre, mais préfère être en plein soleil. Il peut s’adapter à un peu de compactage du sol et il tolère bien le sel de déglaçage. Avec son bois dur, il peut servir de brise vent et saura résister aux grandes rafales.

Élagage et entretien du frêne blanc

Le frêne blanc d’Amérique est un arbre à croissance rapide, ce qui se traduit par un besoin plus élevé en élagage, surtout si les structures avoisinantes sont assez près. Puisque sa couronne est assez basse, il faudra l’élaguer selon ses préférences. Si l’on préfère conserver l’intimité, pas besoin d’intervenir. Autrement, l’élévation de la couronne est une opération qui ne cause presque aucun stress à l’arbre, il ne faut donc pas à hésiter à l’élaguer pour obtenir plus de clarté.

Comme pour tout autre arbre, on recommande une taille de formation en jeunesse, question de prévenir les défauts structurels, comme la codominance. On peut également tailler l’arbre en jeune âge en prévention pour les structures environnantes. Par suite, on élague l’arbre au besoin pour assurer la sécurité et l’harmonie avec les structures. Le frêne a aussi tendance à faire une considérable quantité de bois mort. Pour l’esthétique et pour la sécurité, il convient d’élaguer l’arbre sur une base régulière, environ tous les quatre ans.

Maladies

Autrefois, le frêne blanc d’Amérique, de même que les autres essences de frênes, ne présentaient que très peu de problèmes pathologiques. Aujourd’hui, les derniers frênes qui restent dans notre patrimoine écologique sont minutieusement traités au TreeAzin, ou autres produits homologués. L’agrile du frêne ne se laisse en effet arrêter que par ce type de traitement, qui empêche les larves de l’insecte de s’installer dans l’arbre et de manger son cambium. Un traitement, s’il est administré avant que l’arbre ne démontre des signes d’infestations à plus de 20%, devrait protéger l’arbre pour deux années. Si vous avez un frêne sur votre propriété, deux options s’imposent inévitablement : abattre ou traiter. Si l’arbre est en santé, un traitement préventif est à considérer. S’il montre des signes d’infestations, comme une cime dégarnie, une écorce avec de grosses plaques blanches, des trous en forme de «D» ou encore une présence anormale de pics bois, il faut abattre l’arbre d’urgence. L’abattage précoce des arbres infestés présente plusieurs avantages dont ralentir la propagation de l’insecte et éliminer les risques de chutes de branches affaiblies. De plus, on assure un coût préférentiel pour les travaux d’abattages, puisqu’un arbre trop infesté peut rendre nécessaire l’utilisation d’équipements coûteux, alors qu’il est devenu dangereux pour les grimpeurs d’y travailler.

Bibliographie

  • Bertrand, Dumont. Guide des arbres, arbustes et conifères pour le Québec. Broquet, 2005.
  • Farrar, John Laird. Les arbres du Canada. Les Editions Fides, 1996.
  • (forester.), Michael D. Williams. Guide D’identification des Arbres du Québec et de L’est de L’Amérique du Nord. Broquet, Incorporated, 2008.
  • Hodgson, Larry. Arbres. Saint-Constant, Qc: Broquet, 2012.
  • Langlais, Guy. La taille des arbres ornementaux. Saint-Constant, Qc: Broquet, 2002.
  • Marie-Fleurette, Beaudoin, Gaudet Martin, Rocray Pierre-Émile, et Michel Labrecque. Les arbres de Montréal. Fides, 1997.
  • Pellerin, Gervais, et Hydro-Québec. Répertoire des Arbres et Arbustes Ornementaux: 1760 Espèces et Variétés de Végétaux du Québec. Gouvernement du Québec, publications vendues, 2010.

 

share

Dominic Perugino

Comments

  1. […] du frêne, de son latin agrilus planipennis, est un insecte qui a fait son chemin jusqu’en Amérique du […]

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *