Comment tuer un arbre?


01 Mai 2017

Sommaire

  • Surélagage, étêtage
  • Abus de fertilisants et produits chimiques
  • Négligence quant à la nutrition
  • Meilleure solution : l’abattage

Introduction

Le titre de cet article peut sembler déroutant : pourquoi parler d’un tel sujet sur un blogue à vocation de sensibilisation et de réflexion écologique? Cela dépend de la manière dont nous interprétons le titre. Parfois, avec toutes les bonnes intentions du monde, nous maltraitons nos arbres, comme si nous voulions les tuer, alors qu’en fait nous cherchons à en prendre soin. Notre but est de décrire ce qui peut tuer un arbre pour que chacun soit averti de ne pas tomber dans le piège des mauvaises pratiques. Nous voulons ici établir ce qui ne doit pas être fait. Nous songeons en particulier aux travaux arboricoles qui ne respectent pas les règles de l’art et à certaines négligences involontaires. De fait, certains arbres sont nuisibles, et la méthode conventionnelle pour éliminer le désagrément est l’abattage, ce qui requiert souvent l’intervention de professionnels de l’arboriculture. Pour terminer, nous dirons quelques mots sur les tentatives de tuer les arbres.

Les mauvaises pratiques pour tuer un arbre

Surélagage

La première pratique à dénoncer comme nocive aux arbres est le surélagage. Il n’est pas rare de rencontrer des clients qui veulent enlever des branches aux arbres en croyant que cela sera bénéfique pour leur santé. Hormis le cas des branches mortes et des branches qui se touchent et se blessent mutuellement, l’enlèvement de branches vivantes ne fait pas de bien à l’arbre. L’idée ressemble étrangement à la pratique de la saigne au moyen-âge qui consiste à enlever du sang à un patient pour le rétablissement de sa santé. Au contraire, l’arbre a besoin d’une masse foliaire la plus abondante possible pour assurer son apport en sucres photosynthétisés. Malheureusement, cette pratique est répandue, et ce, avec la bonne intention de prendre soin de l’arbre, alors qu’on est en train de tuer son arbre.

Étêtage

Par suite, une pratique que nous tentons par tous les moyens d’arrêter en arboriculture est l’étêtage. Encore une pratique fort répandue et qui peut viser l’esthétique aussi bien que la sécurité et la santé. De fait, l’étêtage d’un arbre donne suite à une repousse virulente de gourmands, ce qui peut donner l’impression que l’arbre est en bonne santé, mais la réalité est que l’arbre dépense ses ressources pour compenser la perte de sa principale source de soleil : sa tête. Il s’agit d’une pratique qui peut facilement réduire de moitié l’espérance de vie d’un arbre, une autre manière, donc, de tuer un arbre.

Fertilisants, insecticides et herbicides

D’autres problèmes peuvent survenir par l’entremise de nos pratiques jardinières. Nous entendons ici l’utilisation de fertilisants, insecticides et herbicides. Dans l’utilisation de quelconques produits chimiques, il faut rester averti des conséquences générales sur l’environnement, mais aussi sur les interactions possibles avec nos arbres. Par exemple, le traitement fongicide d’un arbre peut entraîner l’extermination des champignons bénéfiques dans la terre et nuire à la santé de l’arbre même ou d’un arbre à proximité.

Remblayage du collet racinaire

Une pratique qui affecte près de 90 % des arbres au Québec est le remblayage du collet racinaire. On parle de pratique dans le sens d’une intervention intentionnelle, mais il se peut que le remblayage soit aussi accidentel. Ainsi, la majorité des arbres du Québec ont un collet racinaire remblayé, ce qui donne lieu aux racines étranglantes et à la pourriture du collet. Cela peut survenir lorsque nous mettons à niveau notre terrain. La précaution à prendre est simplement de prévoir des cadres adéquats pour maintenir le niveau de terre original autour du collet, pour un espace qui prévoit la croissance de l’arbre. Pour les collets qui sont déjà remblayés, simplement excaver avec une truelle et couper les racines étranglantes. Hormis le fait que le remblayage affecte la santé de l’arbre en empêchant l’irrigation adéquate de sève, la pourriture compromet la solidité de l’arbre ainsi que sa résistance aux vents. Le remblayage est ainsi une autre façon de faire dépérir et potentiellement tuer son arbre.

Négligence nutritionnelle

Il faut aussi soulever un autre problème. Il ne s’agit pas d’une pratique, mais plutôt d’une négligence. La moitié du travail nutritionnel d’un arbre se fait par les branches, l’autre se fait par les racines. Avec toutes les perturbations des sols en milieu urbain, la flore peut souvent être affectée. Il convient donc de vérifier la santé du sol qui est une vie en soi. Un sol sain est un sol dans lequel prolifèrent les insectes et champignons qui font symbiose avec les racines d’arbre. Au besoin, on peut compenser par un ajout manuel de mycorhize, de paillis, de compost et bien d’autres méthodes écologiques. Le secret est de penser de manière à ce que l’intervention soit durable plutôt qu’à l’ajout constant d’engrais artificiel.

L’abattage d’un arbre

Il va sans dire que la méthode la plus appropriée pour « tuer » un arbre nuisible ou dangereux est l’abattage. Vous pouvez abattre l’arbre vous-mêmes si vous êtes en mesure d’assurer votre sécurité et celle des autres, mais l’intervention d’un arboriculteur professionnel est sans doute l’option recommandée. Il est difficile d’imaginer une bonne raison de vouloir tuer son arbre avant de l’avoir abattu. En fait, le dépérissement d’un arbre peut exacerber les coûts d’abattage, car l’arbre devient dangereux à abattre et nécessite l’intervention d’outils de pointe comme la nacelle et la grue. Le meilleur scénario est celui dans lequel vous demandez l’avis d’un professionnel ainsi que de la ville au besoin. Si l’arbre incommode à cause de l’ombre, il peut être élagué, s’il semble dangereux à cause d’un défaut structurel, il peut être haubané. Au final, si l’abattage est la seule option viable, l’arboriste expert pourra vous conseiller en ce sens et suggérer l’abattage pour une demande de permis à la ville.

Méthodes naturelles et chimiques

Il ne semble y avoir qu’une seule raison de vouloir faire mourir un arbre, que ce soit naturellement ou chimiquement : l’aspect légal. En effet, les municipalités refusent parfois, pour différentes raisons qui peuvent varier entre le patrimoine naturel de la ville et l’écologie, d’octroyer le permis d’abattage. Lorsque la ville considère un arbre comme non nuisible, elle affirme que le seul prétexte valable pour son abattage serait que l’arbre soit malade, dépérissant, ou mort. D’où l’idée de le tuer soi-même pour obtenir le permis.

Pour ce qui est des méthodes chimiques, nous ne voulons pas en dire un mot, mis à part qu’il s’agit d’une action doublement irresponsable pour l’écologie : en plus de tuer l’arbre, on déverse des produits chimiques qui contaminent la terre et la nappe phréatique.

En ce qui concerne les méthodes naturelles, elles semblent dériver du folklore. Nous sommes incapables de voir pourquoi quelqu’un voudrait bien tuer un arbre avant de l’abattre, sachant qu’il faudra au moins l’abattre après, sauf si ce n’est pour contourner une réglementation, ou pire, pour tuer l’arbre d’un voisin qui refuse de l’abattre malgré l’insistance d’un plaignant qui veut plus de soleil, nous n’allons pas même donner une indication qui pourrait encourager une telle aberration.

Conclusion

Loin de nous l’intention de nier que certains arbres peuvent être nuisibles. Pourtant, la civilité exige de passer par une discussion avec le propriétaire de l’arbre ainsi qu’avec les règles municipales qui encadrent les pratiques arboricoles dans une visée écologique. Si vraiment un arbre est nuisible, il est possible de faire valoir son point de vue. Dans le cas contraire, il faut peut-être aussi envisager l’acceptation de certains désagréments au profit d’autres avantages des arbres en milieu urbain. L’acceptation est aussi de mise pour apprécier la liberté d’un voisin de garder son arbre, même si celui-ci me fait de l’ombre ou m’envoit des feuilles. Du reste, restons conscient que nos bonnes intentions à l’égard de nos arbres ne sont pas toujours garantes des bons résultats. L’idéal est de consulter un arboriculteur certifié qui affirme clairement son amour des arbres et son engagement à l’égard de l’écologie.

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Dominic Perugino

Comments

  1. Laurence Rigody : août 26, 2017 at 5:18 am

    Bonjour, j ai 2 Mimosas élagués à l automne 2016, pour raison de voisinage, branches envahissantes. Le pseudo élagueur a enlevé toutes les branches me disant qu ils repousseront mieux ! Les 2 arbres sont morts,enfin je le pense car le peu de repousse des feuilles est marron, le tronc s est fendu, je suis dans le sud de la France en bord de mer et il fait très chaud depuis 3 mois, et aucune pluie. L élagage radical est-il la cause de cette mort ? D après votre article je pense que oui…
    Belle journée à vous

  2. line laforest : octobre 3, 2017 at 1:12 pm

    allo, j ai été témoin hier au souper , que le voisin d en face a fait des trous dans la terre à coté d un gros boulot pleureur appartenant à son voisin qui vient de vendre sa maison, il a inséré un tuyau dans les trous et déversé un produit assez foncé et visqueux. la semaine dernière il m avait informé de son idée de tuer cet arbre que les branches arrivent chez lui laisse tombé une sève qui sali sa voiture.
    le nouveau propriétaire n est pas encore arrivé, mais il va pas aimer ça quand il va s apercevoir que l arbre est entrain de mourir ainsi que le gazon. où faut il porter plainte ?
    merci

  3. Nous avons un grand pic bois qui ne lâche pas un érable centennaire dans notre cour arrière. Il manque une grosse partie de l’écorce à la base d’une énorme branche à cause de ce Pic bois. Est-ce que ce n’est pas grave ou s’il y a moyen d’empêcher ce grand pic bois de continuer à endommager l’arbre?

    • Dominic Perugino : mars 22, 2018 at 3:31 pm

      Il ne faut pas tarder à faire évaluer votre arbre, en particulier pour inspecter les sections abimées. Si votre arbre attire les pics bois, il se peut qu’il soit déjà en train de dépérir, ce qui fait proliférer la nourriture d’intérêt pour l’oiseau, comme les vers. Au mieux, un élagage sera de mise, au pire, il se peut que l’abattage s’impose.

  4. « Nous sommes incapables de voir pourquoi quelqu’un voudrait bien tuer un arbre avant de l’abattre, sachant qu’il faudra au moins l’abattre après, sauf si ce n’est pour contourner une réglementation, ou pire, pour tuer l’arbre d’un voisin qui refuse de l’abattre malgré l’insistance d’un plaignant qui veut plus de soleil, nous n’allons pas même donner une indication qui pourrait encourager une telle aberration. »
    Dévitaliser un arbre en automne avant de l’arracher en été peut aider à prévenir le pourridié (Amillaria mellea – Rosellinia necatrix – Roesleria subterranea)en viticulture et arboriculture et parfois les jardins… Laisser reposer l’emplacement (jusqu’à la frondaison) de 5 à 7 ans en semant de l’orge peut réduire les risques.
    L’arbre arraché n’est plus, mais le pourridié oui!!!

  5. Bonjour !
    Je voudrais me débarrasser d’un foutu érable à Giguère…. Ça fait des années que je coupe toutes les branches au ras du sol mais rien n’empêche cet arbre de se refaire de nouvelles branches encore et encore.
    Devant la maison un autres arbre à Giguère à tenu mon père en haleine durent plus d’une quinzaine d’années et qui a toujours refusé de mourir. Lorsque j’ai hérité de la maison l’an dernier j’ai décidé de c’était assez et que j’allais mettre tous les efforts nécessaires pour en finir une bonne fois pour toute, j’ai dû creuser à près de 3 à 4 pieds pour retirer la source et le plus de racines possible et finir par arracher l’ensemble racinaire par un tracteur. J’ai aménagé un arrangement paysagé de 2 pieds de haut par-dessus, j’espère ne plus revoir cet individu un jour ???
    Comment cette espèce peut faire pour tenir bon ainsi ? J’ai d’autres érables à Giguère qui pousse ici et là, le nouvelles pousses n’ont pas la chance de s’enraciner une fois que je l’ai vu.
    Voilà ! Tout cela pour savoir comment en finir une bonne fois pour toute avec cette espèce d’arbres ?

    • Dominic Perugino : juin 19, 2018 at 4:50 pm

      En effet, l’érable à Giguère est robuste. La seule solution est l’enlèvement mécanique de la souche, mais alors même, ça ne garanti rien…

  6. MONSIEUR,
    Dans une haie mitoyenne, j’ai de nombreuses repousses de Frênes et de d’érables sycomore que je coupe régulièrement pour les voir disparaître.
    Ces arbres sont résistants à la taille, les racines très imbriquées dans celles des pieds de troène.Comment pourrais-je faire pour les supprimer définitivement, est ce que le sel est une solution et sans risque pour l’environnement

    • Dominic Perugino : août 2, 2019 at 5:42 pm

      Si vous coupez les repousses à raz le sol et que vous les recouvrez d’un géotextile, cela pourrait régler votre problème.

  7. Bonjour, j’ ai un pommier Mc Intosh acheté très petit dans une pépinière en Mauricie. Il a maintenant , je dirais 10 ans et à environ16 à 18 de haut. Au printemps , il est tout en fleur, puis quand les pommes apparaissent, elles tombent quand elles ont la taille d’ un petit abricot …. une vingtaine par jour , puis celles qui restent sont tachées pour la plupart et certaines ont la taille d’une pomme normale mais jamais grosse et sont piquées parfois un peu déformées. Les quelques bonnes , je dirais. 10 pour la saison quand on est chanceux, sont souvent avec du marbré rosé à l’ intérieur et ont très bon goût ! Les feuilles elles sont tachées brunes , frisées et difformes à 97 % . Nous ne connaissons rien aux pommiers , nous n’ avont jamais mis d’ engrais ou quoi que ce soit. Quoi faire ?

    • Dominic Perugino : septembre 2, 2019 at 12:32 pm

      Il est préférable de faire valider par un expert sur place, mais selon votre description, votre pommier semble être affecté par la brûlure bactérienne. Mieux vaudrait l’abattre pour prévenir une affectation des autres pommier ou poiriers dans votre entourage.

  8. Bjr Dominic, c’est ballot mais je n’ai pas trouvé la réponse que je souhaitais, en effet je suis envahie de pinus qui empiètent allègrement sur la flore endémique sur un domaine sensible aux incendies, les couper serait trop onéreux. Je voulais savoir si l’ecorçage en pied s’avère possible. Je l’ai déjà pratiqué sur certaines essences non conifères et cela fonctionne très bien pour un peu d’huile de coude seulement et bien sûr il faut être patient. Merci de votre réponse.

  9. Bonjour,
    J’habite en région parisienne. J’ai un érable de 7,8 m de haut dans mon jardin.
    J’ai accroché un hamac à son tronc il y a qq années. Tout allait bien. Mais cet été l’arbre n’a produit que qqs feuilles qui se sont vite fanées. Et l’arbre perd toute son écorce dans la partie inférieure où on a attaché le hamac (soit de 0 à à 2,50 m de haut). L’écorce éclate en plusieurs gros morceaux.
    Pensez-vous que l’arbre soit mort ? SI oui, serait ce à cause de la corde du hamac qui est insérée dans le tronc ? Doit-on l’abattre ? Me
    Merci pour votre aide. Bonne journée.

    • Dominic Perugino : octobre 11, 2020 at 7:06 pm

      Il semlbe que votre érable soit en dépérissement sévère et il est probable que vous ayez à le couper bientôt. Un trou pourrait très bien avoir été l’entrée pour un pathogène, mais il ne faut pas oublier que c’est le cas aussi pour toutes les ouvertures que nous créons lors des élagages, vous n’avez rien fait de grave.

  10. J’ai un sapin dont la tête a été cassé pas le vent. Quoi faire ?

    • Dominic Perugino : mars 7, 2021 at 10:23 am

      Le mieux à faire est d’appeler un arboriste certifié. Celui-ci pourra faire le diagnostic. Il pourrait même être possible de faire une réparation en forçant une des branches vers le haut pour remplacer la tête.

  11. […] La brûlure bactérienne est une maladie grave qui peut tuer un arbre en une saison. Son agent pathogène s’appelle Erwinia amylovora (Burrill). Cette bactérie hiverne dans des chancres sur les plantes hôtes. Au printemps, lorsque la chaleur fait son retour et que la pluie humidifie les végétaux, les chancres suintent des gouttelettes remplies de bactéries. Ces gouttelettes répandront la maladie par les éclaboussures de la pluie et par le contact avec les insectes. Les fleurs seront les plus vulnérables pour la propagation en raison de leur ouverture, mais aussi à cause des insectes pollinisateurs qui auront été en contact avec le liquide des chancres. Une fois une fleur infectée, les bactéries se répandront jusque dans les pousses, et enfin dans le tronc, ce qui ultimement entraînera la mort de l’arbre. […]

  12. Martin Monique : février 7, 2022 at 4:37 am

    Bonjour j’ai un frêne qui a à peu près une vingtaine d’années dans mon jardin et m’a voisine m’a demander de le faire abattrecar les racines passent ds son jardin. Suis je obligée de le faire et à quelle période ? Et une fois abattu est ce que les racines vont mourir. Je vous remercie.

    • Dominic Perugino : mars 14, 2022 at 9:34 am

      D’abord, comme il s’agit d’un frêne, s’il n’est pas traité, il faudra tôt ou tard le faire abattre.

      Ensuite, considérant que les racines d’un arbre peuvent se répandre à une distance de plus de deux fois la hauteur de celui-ci, je vois mal comment on pourrait forcer les gens à abattre les arbres sous prétexte que les racines atteignent leur jardin. Je ne suis pas avocat, mais je crois que vous êtes dans vos droits de garder votre arbre.

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