Préparer nos arbres à la saison hivernale


21 Oct 2021

Introduction

C’est maintenant la période de l’année où l’air devient plus frais lorsque le soleil se cache à l’horizon; ce moment où l’on récolte le fruit des petits soins conférés à notre jardin, notre potager; c’est le temps de penser à renouveler notre service de déneigement, à fermer la piscine et corder le bois de chauffage pour l’hiver; mais c’est aussi à cette période de l’année que nous prenons le temps de contempler un phénomène spectaculaire, celui du changement de couleur dans le feuillage des arbres. Comme c’est beau ! Et même si nous l’avons vu des dizaines de fois auparavant, c’est toujours un plaisir à vivre. Alors que vous observez ainsi vos arbres devenir flamboyants comme le soleil, nous vous conseillons aussi d’en profiter pour les inspecter et ainsi, mieux vous préparer pour l’arrivée des grands froids. Mais par où commencer ?

Mieux vaut prévenir que subir !

Comme chaque année, l’hiver va arriver et on va en être presque surpris ; parce que ça arrive trop vite… le temps passe trop vite! Avec la saison froide, viennent aussi la neige et le verglas, deux éléments lourds pour les arbres et qui peuvent provoquer des bris de branches et, en retour, causer des dommages à nos biens. Or, il est possible de réduire les risques liés aux intempéries hivernales avec les soins arboricoles appropriés.

Bois mort, malade ou faible

La prévention des chutes de branches pour la saison hivernale consiste à cibler à l’avance les branches qui sont le plus susceptibles de briser. Le premier risque à éliminer est celui des branches mortes qui ont un diamètre de plus de 2.5 cm (les branches d’un diamètre inférieur n’étant pas d’un calibre suffisant pour causer des dommages significatifs). Les branches mortes dans un arbre sont en effet un risque constant pour la sécurité, car l’arbre est déjà en train de travailler à s’en défaire. Autrement dit, l’arbre « veut » que les branches mortes tombent. Ainsi, avec un verglas ou une neige assez lourde, les branches mortes ont un risque accru de tomber et de causer des dommages. L’élagage du bois mort est donc une excellente façon de se prémunir pour l’hiver.

Il y a ensuite le bois que l’on dit « malade ». Il s’agit du bois sur lequel on peut déceler la présence de maladie, comme des champignons par exemple. Ce bois n’est pas encore mort, il peut soutenir des branches avec des feuilles en abondance, mais sa solidité ne vaut pas mieux que du bois mort. Ce bois est bien souvent creux, présente de la moisissure et abrite des insectes, ce qui invite souvent les pic-bois à s’y nourrir. Le bois malade n’est pas toujours visible du bas de l’arbre, c’est pourquoi l’élagage est le meilleur moyen de faire une inspection rigoureuse. L’arboriste grimpeur, lors de ses déplacements dans l’arbre, peut aisément identifier les sections qui ont besoin d’être enlevées ou réduites pour assurer la sécurité.

Il reste ensuite le bois « faible ». Le bois que l’on qualifie de faible n’est ni mort ni malade. En revanche, il présente des anomalies structurelles qui affectent sa solidité. Par exemple, une branche peut être ancrée dans une fourche dont l’angle est trop aigu. À première vue, la branche semble saine, mais l’angle aigu de la fourche provoque le développement de pourriture à l’aisselle, ce qui augmente les risques de déchirure sous le poids du verglas ou de la neige. Un bois peut aussi être considéré comme faible à cause de son origine. Un gourmand, par exemple, n’a pas un ancrage aussi solide qu’une branche normale. Un gourmand est une jeune branche qui pousse à la verticale sans être bien ancrée dans le bois de cœur. Un bon arboriculteur sait reconnaître les gourmands dont l’arbre a besoin pour consolider un certain stress et ceux qui doivent être enlevés par sécurité.

Différentes solutions sont disponibles pour réduire les risques liés au bois mort, malade, ou faible. Si, pour le bois mort et malade, on opte généralement pour l’enlèvement de celui-ci, il n’est pas toujours nécessaire ou même souhaitable d’enlever le bois faible. En effet, toute portion de bois vivant que l’on enlève à un arbre constitue une blessure et une perte pour lui. Ainsi, lorsqu’une branche semble mal ancrée, on peut se contenter de la réduire en dimension et ainsi, éviter de créer une blessure trop importante. On peut également enlever à une branche considérée à risque les deux tiers de sa masse foliaire pour neutraliser le risque, tout en effectuant des coupes qui seront plus faciles à cicatriser pour l’arbre.

Autrement, si la réduction des branches ne semble pas adéquate pour les circonstances, comme lorsqu’une tête principale d’un arbre semble faible, on peut aussi opter pour l’haubanage. L’haubanage consiste à attacher, avec des câbles spécialement conçus, les sections d’arbres qui sont à renforcer. Cette solution est de loin la meilleure pour réduire les risques de bris et de déchirures car elle permet de sécuriser l’environnement de l’arbre sans couper de branches, ce qui est optimal pour la santé de l’arbre.

Dégagement des structures

Ce qu’il faut également savoir, c’est de garder une distance d’au moins 3 mètres (10 pieds) entre les branches et toute structure pouvant être abîmée par la chute d’une branche. Ce que l’on considère comme structures à dégager sont, entre autres, la toiture de la maison, le cabanon, la piscine et/ou le spa, les modules de jeux extérieurs, le stationnement, les fils reliés à la maison ainsi que l’abri tempo. Il n’est cependant pas nécessaire de dégager complètement au-dessus de la maison, car, tant que la distance conseillée est respectée, les risques de dommages sont presque entièrement écartés. En ce qui concerne l’abri tempo, il est préférable d’effectuer les travaux d’élagage ou d’abattage avant son installation s’il se trouve à proximité de l’arbre nécessitant les travaux arboricoles ou, dans le cas où les travaux auront lieu derrière la maison, si le seul accès à la cour arrière sera bloqué par l’abri une fois installé. Avec une distance de trois mètres, établie par un élagage, les risques que les branches d’arbres entrent en contact avec les structures lorsque les branches plient, sans forcément briser sous le poids de la neige ou du verglas, sont considérablement moindres.

Déneigement et sel de déglaçage

Un autre élément à prendre en compte est l’espace nécessaire au déneigement. Il arrive fréquemment qu’à l’arrivée du printemps nous soyons témoins des différentes blessures infligées aux arbres, occasionnées par un manque d’espace pour entasser la neige près de ceux-ci, ou tout simplement lors du passage d’un véhicule de déneigement. Afin d’éviter d’abîmer les branches basses et ainsi, causer un stress inutile à l’arbre, il est conseillé de rehausser sa couronne. Cette opération consiste à couper quelques-unes des branches les plus près du sol, laissant ainsi plus d’espace sous l’arbre. Cela permettra aussi au propriétaire ayant sa propre machine de passer plus facilement sous l’arbre avec sa souffleuse à neige. Le rehaussement de la couronne présente aussi un avantage pour les arbres en bordure de rue en évitant que les branches basses ne se retrouvent ensevelies sous le banc de neige.

Pour ces mêmes arbres, il faudra aussi protéger la base du tronc et les racines. C’est que, même s’il s’agit d’une essence d’arbre résistante au sel de déglaçage, les arbres en bordure de rue absorbent une énorme quantité de ce sel résultant du sol qui s’en retrouve contaminé. Ce surplus salin produit alors chez l’arbre un stress hydrique, c’est-à-dire une mortalité des racines qui affecte sa capacité d’absorption de l’eau contenue dans le sol, et nuit à la survie des divers insectes et vers qui contribuent à avoir un sol bien nourri et aéré. Il faut donc protéger le sol adjacent à une rue en le couvrant simplement d’une toile de jute étendue sur une distance de 3 mètres à partir de l’asphalte. On la retire au printemps, une fois la fonte terminée, en prenant soin de diriger les débris de déglaçage au bord de la rue et non sur la pelouse afin d’éviter de contaminer le sol à cette étape.

Dans certains cas, il sera plus difficile de protéger l’arbre contre les conséquences du déglaçage des rues. Par exemple, sur une artère principale ou en bordure d’une autoroute, là où les voitures se déplacent à grande vitesse, il y a production d’embruns salins. Les embruns salins sont de minuscules gouttelettes d’eau contenant du sel qui sont propulsées dans l’air au passage des véhicules. C’est le même phénomène que le vaporisateur à la tête de nos produits nettoyants. L’arbre près de ce type de route se retrouve alors aspergé, de la tête au pied, d’un élément qui nuit à sa santé et causera un stress inutile. On peut d’ailleurs observer un phénomène bien particulier chez beaucoup de ces arbres contaminés, un phénomène portant un nom singulier : le balai de sorcières. C’est lorsqu’une branche produit, à son extrémité, beaucoup de petites branches en amas, toutes mourant peu de temps après avoir vu le jour. Cela créer un genre de boule de brindilles mortes et cassantes donnant l’effet d’un balai ou parfois même d’un immense nid d’oiseaux drôlement situé. Malheureusement, il n’y a pas vraiment de solution contre les embruns salins pour le moment, si ce n’est que d’éviter de planter des arbres trop près des routes passantes ; mais il y a toujours l’option de rincer son arbre au printemps afin d’en retirer le maximum de débris minéraux.

Premiers hivers

Peut-être le saviez-vous déjà, mais il y a deux périodes clés pour la plantation d’arbres : le printemps et l’automne ! Au printemps, si on attend la fin du gel au sol, il y a moins de risque pour l’arbrisseau d’avoir un choc thermique et ainsi, de compromettre sa croissance. Dans le cas d’une plantation automnale, l’arrivée des grands froids peut constituer une certaine menace pour un jeune arbre. En fait, c’est surtout le poids de l’accumulation de neige qui cause problème car cela occasionne des bris et pourrait donner un biais de croissance à l’arbre, c’est-à-dire que celui-ci tangue en grandissant et pousse un peu de travers. Pour contrer cette menace, l’utilisation d’un tuteur est conseillée pour accompagner l’arbrisseau durant l’hiver en lui offrant un support lorsque le poids de la neige est trop important pour qu’il puisse y résister seul. Une autre astuce pour protéger ses branches délicates cette fois, c’est de le couvrir d’une toile de jute. Attention, il est important que la toile servant à protéger l’arbre soit en jute afin de permettre une bonne circulation d’air ; une toile hermétique risque d’étouffer le pauvre arbrisseau. En appliquant ces deux conseils, le nouveau venu sera fin prêt à affronter le plus enneigé des hivers !

Conclusion

Comme pour la majorité des travaux à faire sur une maison ou un terrain, les travaux arboricoles demandent une certaine préparation. Pour ne pas se faire prendre, il vaut mieux s’y mettre tout de suite ! La santé et la sécurité d’un arbre passe par plusieurs aspects, allant de la feuille à la racine. En observant régulièrement nos arbres, il nous sera plus facile de détecter le moindre changement et ainsi, prévenir les incidents liés au mauvais état d’un arbre. Dans le doute, la meilleure option reste de faire appel à un expert pour jeter un œil à l’état général de vos arbres. Rappelez-vous : mieux vaut prévenir que subir !

 

Co-auteure : Cloé Chartrand-Marcil

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Dominic Perugino

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