Le prix d’un abattage d’arbre

Abattage d'arbres - Arboplus - Québec
29 Juin 2022

L’abattage d’arbres n’est pas chose à prendre à la légère. On peut voir en ligne des vidéos de catastrophes lors d’abattages faits par des non professionnels. Les possibilités d’accidents sont nombreuses, mieux vaut en laisser le soin à des experts. Mais vient alors la problématique : le prix peut être onéreux pour un abattage fait avec les moyens adéquats.

En effet, pour des raisons de sécurité et d’efficacité, il faut payer le plein prix pour un abattage de qualité. Pour comprendre comment il est évalué, il faut considérer plusieurs facteurs. Il y a d’abord la grosseur de l’arbre, un plus gros coûte plus cher qu’un plus petit, toutes choses étant égales. On évalue aussi la distance entre l’arbre et l’accès au camion. On considère ensuite l’environnement de l’arbre. Puis on juge de l’état sanitaire de l’arbre, du matériel et du nombre d’employés nécessaires pour effectuer les travaux. Il faut aussi calculer la disposition, manuelle ou mécanique, du bois. Après avoir expliqué ces principes d’évaluation, nous pourrons appliquer la théorie à quelques exemples.

 

La grosseur de l’arbre, question de logique !

Ça peut sauter aux yeux de certains, mais quand même, il est nécessaire de le rappeler : un frêne mesurant 50 pieds de hauteur avec un diamètre de 3 pieds au tronc, coûtera beaucoup plus cher à abattre qu’un lilas japonais de 12 pieds de hauteur avec un diamètre de 8 pouces au tronc. L’arbre qui est plus gros demande plus de temps à grimper, il est plus complexe, il prend plus de place, etc. S’il suffit pour le lilas japonais de faire une entaille au bas de l’arbre et de le coucher, il n’en va pas de même pour le gros frêne, surtout s’il est entouré de structures. Celui-ci doit être démonté morceaux par morceaux, en les attachant tous. Les grosses branches prennent un temps à enlever, et par la suite, il faut couper le tronc pièce par pièce, en les envoyant en rétention, tout en utilisant une grosse tronçonneuse. Donc, en principe, plus l’arbre est gros, plus il est cher !

Distance avec l’accès au camion

Ce détail peut sembler banal, mais ça peut faire toute la différence. Un arbre à abattre en façade d’une maison est bien plus léger sur les ressources qu’un arbre en arrière cour. Pensez à notre frêne de 50 pieds. Disons qu’il soit en façade. On démonte l’arbre morceaux par morceaux. Chaque branche qui tombe au sol est immédiatement recueillie par les arboristes au sol pour ensuite les envoyer dans la déchiqueteuse. On coupe le tronc à son tour en morceaux, et, puisqu’on est déjà en façade, il ne reste plus qu’à disposer le bois dans la remorque à l’aide du grappin à billots.

Or, le même arbre, mais en arrière cour, c’est une autre paire de manches. Chaque branche doit être transportée jusqu’au camion manuellement, ou même mécaniquement selon les besoins. Ainsi, plus la distance est grande, plus le temps pour réaliser l’abattage de l’arbre augmente. Et il faut encore ajouter du temps et de la difficulté si la cour arrière comporte des obstacles, que ce soit de la céramique, des fleurs, une pergola, etc. Il en va de même pour une pente. Les pentes peuvent parfois être assez à-pic pour empêcher l’utilisation de la machinerie. Ce qui veut dire qu’il faut augmenter le nombre d’employés au sol pour disposer manuellement des branches et des bûches. C’est lourd, c’est dur et c’est long. Donc ça coûte plus cher.

L’environnement immédiat de l’arbre

Vient ensuite la nécessité de bien observer l’arbre et ce qui l’entoure. Un arbre en arrière cour sera souvent entouré de structures importantes, comme une piscine, un cabanon ou des fils électriques. L’évaluateur de l’abattage de votre arbre doit donc prévoir toute la minutie nécessaire de la part du grimpeur pour ne causer aucun dommage. Chaque branche, et ensuite chaque bûche, doivent être attachées avant d’être coupées. Puis, celles-ci doivent être correctement dirigées de sorte à atterrir au sol sans contact avec les structures, car le simple fait d’attacher les branches n’assure pas que celles-ci ne causeront aucun dommage.

Cet aspect prend de plus en plus d’importance à mesure que l’on ajoute des structures, mais aussi lorsque les structures sont fragiles. Un solarium, par exemple, ne pardonne pas. On ne peut se permettre qu’une petite branche tombe dessus. Puis, en grande quantité, les structures restreignent la zone d’atterrissage des branches, ça devient comme jouer aux fléchettes ! Le frêne mature peut être entre deux maisons, avec chacune une thermopompe qui se font face. Les branches devront alors être attachées avec deux cordes plutôt qu’une, pour pouvoir ainsi contrôler leur descente jusqu’au point de chute ciblé.

Dans certains cas, une zone trop restreinte d’atterrissage pour un arbre mature peut imposer l’utilisation d’une grue. La grue élimine la nécessité de se trouver une cible au bas de l’arbre. Les branches sont alors attachées, mais pour être élevées vers le haut, plutôt que pour les descendre. La grue élimine dès lors les risques pour les structures, mais aussi le besoin de main d’œuvre pour disposer des sections d’arbre, puisque celle-ci les fait voyager jusqu’à l’accès au camion. Mais son utilisation peut facilement doubler les frais.

L’état sanitaire de l’arbre et les moyens pour l’abattre

Dans la majorité des cas, on abat des arbres qui sont soit malades, soit infestés, soit morts. L’estimateur doit inspecter la solidité de l’arbre, car celle-ci sera garante de la sécurité du grimpeur qui fera les travaux. Ainsi, un arbre malade peut avoir des points de faiblesse, comme des chancres ou des caries. Ceux-ci ne doivent pas compromettre la sécurité du grimpeur qui dépend de la solidité du bois pour s’attacher et se déplacer. Une quantité restreinte de ces pathogènes peut être tolérée jusqu’à un certain point. En revanche, si notre frêne est mort depuis plus d’une année, il serait considéré comme «non-grimpable». La raison étant qu’aucune des sections d’un arbre mort n’est digne de confiance, tout est compromis.

Admettons que le frêne de 50 pieds soit mort et se trouve en façade. La situation n’est guère compliquée : l’arbre ne pouvant pas être grimpé manuellement, on envoie le camion nacelle. Celui-ci se stationne tout près de l’arbre, on déploie la nacelle et on démonte l’arbre. Le démontage se fait donc sans dépendre de la solidité de l’arbre, de façon sécuritaire. Le camion nacelle est un équipement sensible qui nécessite beaucoup d’entretien, ainsi que des opérateurs compétents. Il faut s’attendre à ce que l’emploi de la nacelle augmente jusqu’à 50% les frais des travaux.

Le frêne de 50 pieds pourrait aussi être en arrière-cour. Il ne peut être grimpé, et il n’y a aucun accès pour que le camion nacelle puisse s’y rendre. Il faut alors louer la nacelle articulée. Celle-ci doit être assez compacte pour se rendre jusqu’à l’arbre, et sa location peut coûter plus de 200$ l’heure.

Mentionnons une autre fois l’utilisation de la grue. Celle-ci n’est pas seulement pertinente pour ce qui a trait à la grosseur de l’arbre. On peut en avoir besoin pour accompagner la nacelle lorsque l’arbre est tellement mal en point qu’il serait dangereux d’y installer un système de poulie et de corde. Car, habituellement, on attache les sections d’arbre avec une corde, laquelle est rattachée à un point d’ancrage situé dans l’arbre lui-même. Or, si l’arbre est moribond, l’ancrage pourrait se briser causant ainsi blessures et/ou dommages. Il faut donc que les sections d’arbre soient rattachées à un ancrage extérieur, comme une grue.

La disposition du bois

La disposition du bois est une question qui fait hésiter. Pour un certain calibre de tronc, on peut vouloir le garder pour son foyer, pour le donner, ou pour le feu de camp au chalet. Si l’arbre est en arrière-cour, le fait de garder le bois peut réduire le prix, car cela fait économiser du temps et des ressources. Tandis qu’en façade, le transport du bois n’est pas une problématique, on n’y économise donc pas vraiment sur la facture.

Mais notre grand frêne de 30 pieds avec 3 pieds de diamètre peut éteindre assez vite les motivations de gérer le bois soi-même. Et ce n’est pas pour rien! Les arboristes eux-mêmes doivent, dans un tel cas, employer la chargeuse compacte sur chenille question d’éviter les blessures dues au surmenage. L’utilisation de la chargeuse compacte augmente alors les coûts. Ainsi, pour des arbres de calibres modérés, l’équipe de chantier peut bien arriver à déplacer le bois à l’aide d’un diable horticole. Une fois les billes de bois transportées près de la rue, on doit en disposer. Pour des calibres moyens, le bois peut simplement être donné à des consommateurs de bois de chauffage. Or les grosses billes devront être disposées avec la pince à billots. Il faut donc employer la pince mécanique pour les mettre dans une remorque. Encore des dépenses !

Quelques exemples

Je vous ai montré que l’abattage des arbres n’est pas si simple, et qu’il est impossible de se faire une idée d’un prix sans voir absolument tout. La grosseur de l’arbre et son état sanitaire, son environnement, son positionnement, la distance de l’accès et le matériel nécessaire. Ainsi, je vous ai expliqué les facteurs qui influencent la facture. J’aimerais vous donner quelques applications pour vous faire une meilleure idée.

Abattage par le pied d’un frêne mature infesté en arrière-cour. Entre 2500$ et 3500$ environ.

Abattage par le pied d'un frêne infesté

Abattage par le pied d’un frêne infesté

On voit ici l’abattage d’un arbre mature en arrière-cour. Il est gros, mais il y a beaucoup d’espace, on peut donc l’abattre par le pied, ce qui élimine toute la complexité du démontage. Toutefois, il s’agit d’une grande cour, avec une grande distance à l’accès du camion.

Chargeuse compacte sur chenille pour le déplacement du bois lourd

Chargeuse compacte sur chenille pour le déplacement du bois lourd

Transporter les billes avec un diable ne serait pas rentable, et trop astreignant pour les arboristes. On fait donc venir la chargeuse compacte sur chenille pour le déplacement du bois, et la pince mécanique pour la disposition.

Pour que tout se passe fluidement, et pour assurer un bon ramassage, on fait également venir quelques arboristes en renfort. Une équipe d’arboristes est typiquement composée de trois personnes. Dans ce cas, à une équipe de trois, on ajoute deux arboristes supplémentaires, en plus de l’opérateur de chargeuse, cela donne six employés.

En prenant tous ces facteurs en considération, l’estimateur vous remettra un devis qui couvre toutes les dépenses. Il ne faut pas être surpris si une autre compagnie charge plus cher, ou moins cher. Une telle compagnie n’a peut-être pas l’intention d’utiliser la chargeuse, elle choisit de prendre le risque et de… tenter le diable. Une autre croit avoir besoin d’une grue. C’est leur jugement, chacun fonctionne à sa manière.

Abattage d’un érable à Giguère avec une solidité compromise, utilisation de la grue. 3500$ à 5000$ environ.

Abattage d'un arbre dans un endroit restreint - Utilisation de la grue

Abattage d’un arbre dans un endroit restreint – Utilisation de la grue

L’abattage que l’on vous présente ici est particulier. L’arboriste se mettrait en danger s’il grimpait l’arbre, car celui-ci n’a pas la solidité requise pour qu’il puisse s’installer avec un système de cordes. La nacelle étant inaccessible, l’arboriste s’installe dans une station accrochée à la grue pour ses déplacements dans l’arbre. L’utilisation de la grue augmente considérablement les frais, mais ce n’est pas tout. L’espace sous l’arbre est très restreint.

Arbre dangereux entre deux immeubles à Montréal

Arbre dangereux entre deux immeubles à Montréal

L’érable à Giguère est entre deux immeubles d’appartements. Un fil de basse tension passe à côté du tronc. Tout au bas de l’arbre, il y a des patios et du matériel de jardin ne pouvant être déplacés. Les arboristes au sol doivent donc manipuler avec soins les sections descendues avec le système de cordes.

Érable à Giguère dont la solidité est compromise

Érable à Giguère dont la solidité est compromise

Abattage de frênes infestés en bande riveraine. Utilisation de la nacelle compacte sur chenilles. Environ 3000$ à 5000$.

Travaux arboricoles avec une nacelle araignée

Travaux arboricoles avec une nacelle araignée

Frêne infesté par l'agrile - Abattage pour la sécurité des citoyens

Frêne infesté par l’agrile – Abattage pour la sécurité des citoyens

Frênes infestés trop fragiles pour être grimpés. Location d’une nacelle compacte sur chenilles.

Or, les arbres se trouvant en bande riveraine sont loin de l’accès au camion. On doit donc faire intervenir la mini chargeuse sur chenilles.

Tout cela pris en compte, avec le temps et le matériel nécessaire, la facture sera plus élevée qu’un abattage standard.

Il y a, au final, toute une variété de méthodes pour abattre des arbres, chaque compagnie a ses spécialités. En comparant plusieurs estimations, il n’est pas constructif de se demander laquelle est au « bon prix ». Il nous faut plutôt déterminer nos attentes. Si on veut un service de qualité, des travaux faits avec des techniques et des équipements de qualité, alors il faut s’attendre à payer plus cher.

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Dominic Perugino

Comments

  1. Bruno CASELLA : juin 29, 2022 at 11:13 pm

    Satisfait

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