Le zelkova du Japon

Zelkova serrata mature au Japon
16 Nov 2021

Zelkova serrata

Depuis la maladie hollandaise de l’orme, les arboristes et paysagistes se sont penchés sur la possibilité d’un remplacement. Quand on cherche un remplacement à un arbre apprécié, on cherche à reproduire ses caractéristiques esthétiques et pratiques. Pour l’esthétisme, il s’agit de trouver un arbre aux mêmes dimensions et avec une forme quelque peu similaire. Pour l’aspect pratique, on cherche un arbre qui aura les mêmes avantages qui avaient donné la préférence pour l’arbre perdu : dureté du bois, vitesse de croissance, résistance à la pollution, rusticité, etc. Dans le cas de l’orme américain, presque disparu du territoire québécois, à l’exception de la capitale nationale, bien peu d’arbres ont su s’élever à la tâche. Un certain enthousiasme s’était dirigé vers le micocoulier, mais avec le psylle, insecte agaçant, il se peut que les quartiers résidentiels n’adoptent pas celui-ci.

Zelkova matures dans une rue au Japon

Zelkova matures dans une rue au Japon

Le zelkova du Japon, aussi appelé faux orme de Sibérie, ainsi que d’autres variétés, commence à se frayer un chemin dans nos paysages ; l’hypothèse voulant qu’il résiste à la maladie hollandaise de l’orme. Contrairement à ce qu’évoque son nom, plusieurs de ses caractéristiques font penser à l’orme d’Amérique. Un gros point d’interrogation plane cependant quant à sa rusticité. Les sources sont variables, indiquant de la zone 6 jusqu’à la zone 5b, ou même 3. Seule l’expérience pourra nous montrer si le zelkova saura résister à nos hivers. Présentement, les sources les plus conservatrices réservent cet arbre pour la culture intérieure sous forme de bonzaï.

Bonzaï Zelkova serrata pour culture intérieure au Québec

Bonzaï Zelkova serrata pour culture intérieure au Québec

Qui aura le courage d’introduire cet arbre pour le cultiver sur notre sol ? Pour le Québec, la grande région de Montréal, avec ses hivers légèrement plus doux que le reste de la province, aura plus de chance de succès. Autrement, les températures de la ville de Toronto seraient probablement les plus accueillantes pour un zelkova.

Dans des températures idéales, un zelkova pourrait atteindre 30 mètres de hauteur. Dans une région tempérée, on peut s’attendre à 20 ou 25 mètres. La largeur est proportionnelle à la hauteur. Il donne une apparence de densité avec sa charpente qui interrompt à un bas niveau le tronc. Cet aspect lui donne un look bien à lui, mais aura pour conséquence de nécessiter des interventions arboricoles pour permettre la circulation. Avec sa large couronne et son fût commençant très bas sur le tronc, la forme de l’arbre fait penser à un gros champignon. Les branches sont plutôt courbées et désorganisées, donnant un aspect évasé.

Écorce du Zelkova du Japon

Écorce du Zelkova du Japon

La couleur du tronc est principalement ce qui permettra de distinguer un zelkova du Japon d’un orme d’Amérique, celui-ci, brun grisâtre, fait penser au hêtre. Son écorce lisse et à peine poreuse se transformera avec l’âge. Elle deviendra exfoliante et laissera transparaître la couleur orangée de son écorce interne.

Les feuilles sont en tout point semblables à celles de l’orme d’Amérique. Dentées et ovales, elles mesurent environ cinq centimètres de longueur. En été, elles seront vertes, tournant vers le jaune, ensuite orange et enfin rouge à l’automne.

Feuilles semblables à celles de l'orme d'Amérique

Feuilles semblables à celles de l’orme d’Amérique

Les fruits et la faune

Étant un arbre exotique, on peut s’attendre à ce que cet arbre ne contribue que très peu à la faune québécoise. On sait, par exemple que le ginkgo biloba n’intéresse aucune espèce animale, et pas non plus d’insectes. Toutefois, rien n’empêche que l’on puisse observer certains animaux qui s’intéresseront au zelkova. Il faudra observer lesquels et, dans la mesure du possible, agencer la présence de cet arbre avec les structures tropiques de notre localisation, question de ne pas introduire des prédateurs contre des espèces déjà fragiles.

Conditions optimales

Un ensoleillement partiel à plein soleil et un sol humide et drainé seront les conditions minimales à respecter si l’on veut se donner une chance que l’arbre s’intègre en région nordique. Avec les incertitudes quant à la résistance au froid, il faudra au moins protéger l’arbre d’une jute, temps et aussi longtemps que l’on en est capable. Il serait intéressant que ceux qui se risquent à planter cet arbre au Québec partagent leurs observations d’année en année pour que le savoir se répande quant à son adaptation.

Élagage et entretien

Avec ses dimensions, il est certain qu’il s’agira d’un arbre à entretenir. Avec un fût assez bas, il faudra relever la couronne, surtout en bordure de rue. Sa largeur aussi indique que les structures auront à être dégagées. Idéalement, on le plantera dans un endroit qui lui permettra un bon développement, mais il est réaliste de penser qu’il entrera en conflit avec les fils et les bâtiments. Ne sachant pas comment il réagira contre le froid, on peut s’attendre à ce que l’hiver soit suivi de pousses mortes et de bois mort. Ce sera une inspection annuelle à faire, le prix à payer pour être un pionnier d’introduction d’espèce…

Maladies

Les maladies seront aussi un monde inconnu, quels insectes, animaux et microbes s’y installeront et quelle sera la réaction de l’arbre ?

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Dominic Perugino

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