Polyarboriculture


18 Mar 2015

Choisir intelligemment nos arbres

Il est important de faire des choix intelligents pour la plantation des arbres en milieu urbain en se posant les bonnes questions. Quel arbre, où et pourquoi ? Par exemple, planter un érable argenté en dessous d’une ligne électrique n’est pas le meilleur choix. Celui-ci devra constamment être l’objet d’élagage dans sa partie la plus haute, ce qui nuira à sa santé, et qui, avouons-le, ne sera guère charmant. Il vaudrait mieux utiliser un arbre dont la hauteur maximale n’ira pas atteindre les fils.

La « monoarboriculture »

La crise présente engendrée par la présence de l’insecte ravageur connu sous le nom de l’agrile du frêne nous pointe aussi du doigt un problème avec notre façon de faire l’aménagement paysager arboricole. Dans ce cas, il s’agit du problème de la monoculture. Nous aimons choisir une essence d’arbre pour une rue ou pour un parc à cause de l’aspect d’uniformité apporté au paysage. Par ailleurs, cette uniformité rend les travaux et la planification des aménagements plus simple. Mais avec les maladies qui se transmettent et qui oblige l’abattage d’arbres, nous découvrons la faille de cette méthode. Que ce soit pris sous l’angle de l’agriculture ou de l’arboriculture, il est évident que la monoculture facilite l’opération des ravageurs. En effet, si les essences d’arbres d’une municipalité sont diversifiées, les insectes ravageurs qui visent exclusivement certaines essences auront de la difficulté à former des foyers d’infestations. Et puis, la polyculture ou la « polyarboriculture » (prêtez-nous le néologisme) permet d’amoindrir le choc de la perte des arbres lors d’une infestation. Ainsi, puisque présentement certains parcs contiennent seulement, ou presque seulement, des frênes, ces parcs font l’objet d’abattage d’arbres au point où les terrains sont rendus déserts. La catastrophe d’une perte de la totalité des arbres dans un parc est d’autant plus grande si l’on considère les années d’entretient, de taille d’arbre et d’émondage minutieux par les compagnies d’arboriculture pour faire des parcs des endroits fabuleux. Un investissement perdu… Or, si les parcs en question avaient été diversifiés et n’avaient contenu que, disons, 25 % de frênes, les parcs auraient pu conserver 75 % de leurs arbres.

Dangers de l’importation d’arbres

L’importation des essences d’arbres n’est pas sans ses risques. Par exemple, l’érable de Norvège, aimé pour sa grande forme ronde et l’ombre qu’il procure, s’est avéré être un envahisseur. En effet, dans le sud du Québec, là où la forêt était riche en bouleaux, en chêne et en érable à sucre, l’érable de Norvège est en train de prendre toute la place. Ainsi, notre patrimoine est menacé pour ce qui est de nos arbres plus sensibles à cause d’un arbre étranger qui pousse plus vite et fait énormément d’ombre. Graduellement, chaque arbre indigène qui meurt est remplacé par cette essence d’outre-mer.

Une arboriculture axée sur l’écosystème

La polyarboriculture est un bon moyen de freiner la propagation d’un ravageur comme l’agrile du frêne, mais pour une autre raison encore. Lorsque l’aménagement arboricole est fait dans la diversité, mais aussi dans la sensibilité à l’écosystème, la faune tout entière en bénéficie. De sorte que la diversité des essences d’arbres en milieu urbain permet d’attirer une diversité et une richesse en ce qui concerne la faune. S’il est vrai que nous ne possédons pas de prédateurs naturels contre l’agrile, il n’en demeure pas moins que la présence d’une diversité d’insectes, d’oiseaux et d’animaux sauvages apporte un équilibre naturel de par la compétition entre les espèces pour obtenir la nourriture.

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Dominic Perugino

Comments

  1. […] solutions ne font que masquer le problème. Ils croient que la replantation diversifiée, appelée polyarboriculture, amènerait des économies considérables pour les concitoyens de même que de nombreux avantages […]

  2. […] Polyarboriculture […]

  3. Il est vrai qu’on ne pense trop souvent au choix des arbres. On y met ce qu’on veut et c’est tout. Pourtant, il y a certaines occasions où il faut absolument savoir si l’arbre sera trop grand ou bien trop petit.

  4. […] au tout. Un des moyens que nous avions proposé dans un article précédent est celui de la polyarboriculture : une diversification des essences d’arbres pour une meilleure résilience en cas de ravages […]

  5. […] vont bientôt se retrouver sans arbres à cause de l’agrile du frêne. Si le principe de polyarboriculture avait été appliqué, ces quartiers auraient pu préserver une partie de leurs arbres. Ainsi, dans […]

  6. […] le principe de distanciation sociale, et ce principe s’applique presque à la lettre à la polyarboriculture, qui serait la meilleure solution pour prévenir la propagation des prochaines maladies des arbres. […]

  7. […] en misant sur la localité, nous préserverons notre patrimoine naturel et nous contribuerons à maintenir la faune urbaine. En choisissant le bon arbre pour le bon […]

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