Mycorhize

Mycorhize
20 Mai 2015

Introduction aux mycorhizes

Avec la conscience grandissante des effets néfastes sur l’environnement des méthodes conventionnelles en agriculture et en arboriculture, le besoin est criant de trouver une alternative. En effet, les fertilisants chimiques à base de pétrole polluent nos cours d’eau, les insecticides sont mauvais pour notre santé, et les fongicides appauvrissent nos sols. Comment protéger nos cultures et nos arbres sans faire plus de dommages à mère Nature? Là est la question que doivent se poser les agriculteurs et les arboriculteurs. Les plus récentes recherches ont démontré l’importance de la flore du sol ou, plus précisément, de la rhizosphère, c’est-à-dire l’endroit où les racines s’aventurent au milieu d’insectes, de minéraux, de bactéries et de champignons. L’approche la plus intelligente sur le plan de la durabilité est celle d’aider cette microflore du sol, en s’abstenant d’utiliser des produits toxiques, et en laissant la vie du sol faire le travail à notre place. Des découvertes prometteuses concernent les champignons mycorhiziens. Ceux-ci, dont l’apparition remonte à plus de 450 millions d’années, sont des partenaires pour les végétaux dont les racines sont entièrement dépendantes.

Que sont les mycorhizes?

Il s’agit d’une forme de vie qui appartient au règne des fungi, plus communément appelé les champignons. En fait, le mot est un composé deux mots latins : « myco-rhize », se traduit littéralement par « champignon-racine ». Ce sont en effet des champignons dont la vie est entièrement dépendante de la présence des racines, sans lesquelles les spores ne peuvent pas même se développer. Nous allons voir que les racines sont également dépendantes de ces champignons. En effet, plus de 80 % des végétaux ne peuvent vivre en santé sans former de symbiose avec une sorte ou une autre de mycorhize.

La mycorhize n’est pas visible à l’œil nu et ne sort pas de la terre. En fait, en prenant une bonne poignée de terre, il se peut que nous aillions en main des mètres et des mètres de ces champignons qui poussent en filaments. Ces filaments, ou branches fines s’appellent les hyphes, dont le réseau s’appelle le mycélium. Ce sont elles qui, s’attachant et s’incorporant au système racinaire, agiront comme des extensions des racines pour mieux assimiler les nutriments et l’eau du sol.

Il y a deux grandes catégories de mycorhizes : les endomycorhizes arbusculaires et les ectomycorhizes. La différence principale est d’ordre opérationnel. Les endomycorhizes arbusculaire forment leur symbiose en pénétrant les cellules des racines, alors que les ectomycorhizes resteront à l’extérieur. Puis, certains arbres, comme le hêtre, le chêne ou bien le tilleul, ne formeront de partenariat qu’avec les ectomycorhizes, alors que la majorité des autres types d’arbres prendront les endomycorhizes arbusculaires. Pour le consommateur, il n’est pas nécessaire de faire de recherche préalable, puisque les mycorhizes vendues en pépinière et offerts par les compagnies d’émondage sont généralement conçues avec un mélange des deux. De même, lorsque vous demandez à votre arboriculteur d’introduire de la mycorhize pour des soins aux arbres, ce sont ces mêmes mélanges polyvalents contenant les deux sortes qui seront utilisés.

Pourquoi est-ce que les mycorhizes sont bénéfiques?

Les sols urbains et agricoles sont soumis régulièrement à des conditionnements chimiques. Ils sont souvent aussi labourés ou travaillés pour diverses raisons. Ces traitements perturbent la microflore du sol et la rhizosphère. C’est pourquoi il est de mise de remédier en améliorant la santé des racines avec en inoculant le sol avec des spores de mycorhizes.

La symbiose mycorhizienne est codépendante. À cet effet, chaque partenaire donne et reçoit. Par exemple, le champignon a besoin de sucres photosynthétisés, alors que l’arbre ou la plante a besoin des nutriments du sol. En tant que symbiose, le partenariat champignon racine se fait comme une sorte d’échange économique. Ce qui nous intéresse surtout est de comprendre ce en quoi les mycorhizes sont bénéfiques pour les arbres. Les bienfaits peuvent se résumer brièvement comme suit : le mycélium mycorhizien permet d’accéder à un plus grand espace du sol pour plus de nutriments. Aussi, les hyphes digèrent les minéraux pour permettre aux racines de mieux les assimiler. Les mycorhizes assimilent mieux l’eau et rendent les végétaux plus résistants à la sécheresse. Les arbres mycorhizés résistent mieux aux parasites. Enfin, les mycorhizes permettent d’accentuer de manière exponentielle les bienfaits du compagnonnage végétal.

Quelques conseils pour mieux bénéficier des mycorhizes

Si l’on veut bénéficier d’une application de mycorhize pour ne pas avoir à répéter l’opération, il faut faire attention de ne pas trop bêcher la terre. Pour un jardin, par exemple, il est optimal de conserver des cultures vivaces à certains endroits. Ainsi, les racines des plantes qui demeurent l’hiver permettront aux mycorhizes de survivre. Évidemment, restez loin de tout ce qui est chimique : fertilisants à base de pétrole, insecticides, pesticides et fongicides. Pour ce qui est de fertiliser le sol, mieux vaut opter pour une solution naturelle comme le compost et le paillis. Le paillis est particulièrement compatible avec l’intrant de mycorhize. En effet, ce dernier a la propriété d’un compost à long terme, en plus d’enrichir la flore du sol par sa décomposition et la vie que cela génère. Demandez du paillis à votre élagueur, ils se promènent habituellement avec un camion plein!

Pour la gestion des maladies, la mycorhize offre une meilleure résistance. Faite confiance à la vie du sol, enrichissez-la plutôt que de régler temporairement le problème en tuant la flore de la rhizosphère. En cas de doutes, consultez un expert et cherchez des alternatives naturelles. Entre autres, il existe des experts en compagnonnage végétal qui savent exploiter le potentiel des plantes. Généralement, cette expertise s’étend jusqu’au domaine de l’aménagement paysager comestible. Ainsi, lorsqu’on fait affaire avec un organisme tel Croque Paysage, on s’assure que chaque plante travaille au bien du tout, tout en valorisant l’aspect ornemental de plantes comestibles. Celles-ci, lorsque placées stratégiquement les unes par rapport aux autres s’entraident pour une meilleure assimilation de l’eau, pour éloigner les indésirables et attirer les pollinisateurs. Or, cette entraide végétale est multipliée par la présence des mycorhizes. En effet, lorsque le réseau des hyphes touche les racines de plusieurs plantes à la fois, celui-ci gère le commerce des nutriments en s’assurant qu’aucune plante ne manque de quoi que ce soit.

En dernier lieu, travaillez moins. La nature sait ce qu’elle fait. Bien que ce soit souvent avec de bonnes intentions, nous intervenons parfois abusivement en voulant assurer la santé de nos arbres. Optez pour une approche minimaliste selon les règles de l’art de l’horticulture et de l’arboriculture. Faire confiance à la nature et opter pour des solutions écointelligentes permet de meilleurs résultats avec moins d’effort.

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Dominic Perugino

Comments

  1. Article riche et intéressant! Merci

  2. Lucien Desrochers : juin 27, 2016 at 9:28 am

    La firme qui fait le traitement annuel de ma pelouse utilise du Mycorhize. En lisant tout ce qui regarde ce produit, il semble qu’il est bienfaisant pour le gazon.

    Cependant, j’ai un arbre Tilleul d’une dizaine d’année qui a une souche de 9′ minimum et une hauteur de plus de 20′. Jusqu’à cette année, il était splendide. Cependant, ce printemps, il n’a pas un beau feuillage. Les feuilles sont très clairsemées et son très petites.

    Est-ce que vous croyez qu’il pourrait y avoir un lien entre le Mycorhize et cette réaction de mon Tilleul?

    Aussi, connaissez vous un traitement qui pourrait aider mon Tilleul à reprendre de la vigueur?

    Merci à l’avance

    • Dominic Perugino : juin 27, 2016 at 4:59 pm

      Bonjour Lucien,

      Il est impossible que la mycorhize cause des dommages à votre tilleul. Au contraire, votre arbre a toutes les chances de profiter de ce champignon bénéfique.

      Pour un diagnostic précis, il faut observer l’arbre de près. N’hésitez pas à demander un diagnostic gratuit en ligne et nous vous enverrons un arboriste qui saura trouver une solution avez vous. Toutes les informations sont sur notre site internet : arboplus.ca.

      Si vous êtes hors de la région que nous couvrons (rive nord de Montréal), nous vous suggérons de faire affaire avec une compagnie agréée par la SIAQ.

      Au plaisir.

  3. […] les espèces étrangères, et même avec les espèces de familles communes. Considérant que la mycorhize peut prendre un certain temps à se former, il faut en conclure que les premières années de […]

  4. […] font symbiose avec les racines d’arbre. Au besoin, on peut compenser par un ajout manuel de mycorhize, de paillis, de compost et bien d’autres méthodes écologiques. Le secret est de penser de […]

  5. […] plantation se fait mieux en pot ou en racine. Fait important : le hêtre a un besoin particulier de mycorhize, un champignon symbiotique dont les racines de 80 % des végétaux sont dépendantes pour bien […]

  6. […] s’effectue l’échange des nutriments entre les espèces complémentaires, surtout lorsque la mycorhize […]

  7. […] est conseillé d’ajouter de la mycorhise aux racines pour faciliter leur développement. Les mycorhises sont une espèce de champignon qui vit en symbiose avec les racines et augmentent leur rendement. […]

  8. […] l’arrosage, l’amendement de la terre et la taille de formation, il y a des soins qui peuvent être nécessaires pour assurer la […]

  9. Alain Clouet : avril 7, 2022 at 8:55 pm

    Bonjour. Est-ce une bonne idée d’arroser mon potager par l’intérieur, c’est-à-dire que je pensais installer un tuyau percé à 30 cm dans le sol. Ainsi moins d’arrosage surtout si je met du paillis de feuilles mortes en permanence.
    De plus, Renaud De Looze suggère l’engrais d’urine dilué. Qu’en pensez-vous?
    Merci

    • Dominic Perugino : avril 13, 2022 at 1:44 pm

      L’irrigation sous-terraine m’est une idée familière, mais mes connaissances ne me permettent pas de me prononcer.

  10. Martin Desrosiers : août 21, 2022 at 9:20 am

    Bonjour Dominic,

    J’ai une forêt de chêne rouge, environ 106 acres en montagne. Je reviens d’Italie où j’ai parlé avec un garde forestier qui m’a fait vivre une expérience en allant, avec ses deux chiens dressés, à la cueillette de truffes noires. Nous en avons trouvé environ 1 Kg en deux heures. Nous avons échangé sur la mycorhize des spores de truffe et en lui parlant de ma fôret de chêne i dit ce c’est une des bonnes espèces d’arbres pouvant favoriser la mycorhize en inoculant des spores d’une truffe mature près des racines. Est-ce vraiment le cas pour le chêne rouge?

    merci de la promptitude de votre réponse.

    MD

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