Comment couper un arbre


27 Juin 2017

Sommaire

  • Demander une estimation pour ventiler les coûts et les risques
  • Prévoir les outils de base et de sécurité
  • Mesurer l’arbre et évaluer l’angle de chute naturelle
  • Faire l’encoche
  • Entailler l’arbre en laissant 2 cm de charnière

L’abattage d’un arbre, les bases

L’abattage d’arbre, comme les travaux arboricoles en général, peut s’avérer intimidant pour les non professionnels, et avec raison. Notre but n’est pas ici de minimiser les risques liés à l’abattage d’arbre non professionnel, mais de donner des conseils pour ceux qui sont assez confiants pour choisir de faire les travaux eux-mêmes. En effet, tout comme certains débrouillards préfèrent faire eux-mêmes l’entretien de leur véhicule ou faire eux-mêmes leurs rénovations de maison, certains préfèrent au moins envisager l’abattage de leur arbre par leurs propres moyens. L’exécution de travaux arboricoles par un amateur peut en effet apporter des économies, un plaisir et une gratification personnelle par le simple fait d’avoir appris un nouvel art de travail. Or, nous ne le répéterons jamais assez, il s’agit d’une opération délicate où la moindre erreur peut être dangereuse, voire même fatale. Dans le moindre doute sur vos capacités manuelles ou dans l’évaluation des risques, s’abstenir et faire appel à un professionnel de l’arboriculture.

Ceci dit, pour un abattage qui ne nécessite pas de grimpe, il existe des règles de base que les amateurs doivent mettre en pratique pour l’efficacité, mais surtout pour la sécurité, et c’est de ces règles que nous voulons traiter dans cet article. Nous allons donc donner une liste des outils indispensables ainsi que l’équipement de sécurité. Après avoir indiqué pourquoi vous devriez consulter un professionnel, même si vous faites les travaux par vous-mêmes, nous aborderons la méthode d’abattage au sol selon les règles de l’art.

Demander une estimation gratuite

Il peut sembler étrange d’exiger que l’arboriste amateur commence par faire appel à un expert pour une soumission. Or, la logique d’une telle démarche est implacable. Le fait de demander l’avis d’un expert en arboriculture n’est pas ici une manière détournée de demander des conseils pour l’abattage. Il s’agit plutôt de commencer par évaluer le coût de l’abattage pour pouvoir comparer avec le coût du matériel, et aussi pour voir si le risque de l’abattage vaut l’économie du prix d’un abattage professionnel. Certes, pour les débrouillards qui font les travaux par plaisir de l’aventure, cette étape peut sembler superflue, mais elle aidera à garder une mesure objective au cas où l’on en vient à douter de nos capacités de mener les travaux à terme sans dégâts.

Hormis le bénéfice d’obtenir le prix, l’estimateur pourra vous donner des précisions essentielles. Ainsi, vous avez pris la décision d’abattre l’arbre, mais avez-vous considéré les alternatives? Dans bien des cas, l’abattage peut être évité en optant pour l’haubanage ou encore pour un élagage, l’arboriste que vous consultez, s’il a une conscience écologique, cherchera avec vous des solutions qui privilégieront la sauvegarde de l’arbre. Vous abattez votre arbre parce qu’il est malade? L’expert pourra confirmer si maladie il y a, ou encore si la maladie est incurable ou même dangereuse. Par ailleurs, vous risquez fort bien d’avoir besoin d’un permis, ce qui passe le plus souvent par l’avis d’un expert.

Un exemple particulier dans lequel vous seriez gagnants d’avoir fait appel à un expert est le cas dans lequel il refuserait les travaux à cause de la proximité de lignes électriques en vous recommandant un partenaire se spécialisant dans ce genre de travaux. Ceci serait alors un indicateur clair que vous devez absolument abandonner le projet d’un abattage amateur. Vous pouvez aussi profiter de la présence de l’élagueur pour poser des questions comme : l’arbre devra-t-il être grimpé? Y a-t-il des risques pour la propriété? Lesquels? Avec les réponses à ces questions, vous serez en mesure de déterminer si les risques valent vraiment la peine, que ce soit pour l’économie de l’argent ou pour l’intérêt personnel. Par ailleurs, les émondeurs professionnels détiennent des assurances, ce qui est un élément de plus à considérer dans votre prise de décision.

Assurer la sécurité

Les conséquences d’un manque de connaissance dans un abattage concernent toujours la sécurité. Bien des éléments dans les opérations d’un abattage comportent des risques, c’est pourquoi il est impératif de respecter les règles et méthodes de sécurité.

Tout d’abord, une liste pour l’équipement. Lunettes de sécurité, gants de jardinier, casque de travail, bottes de travail, protection auditive et pantalons de sécurité pour opérateur de tronçonneuse. Le prix total de cette liste peut varier entre 125 $ et 200 $. Si vous n’avez pas tout dans cette liste, s’abstenir. Si vous ne voulez pas investir pour de l’équipement adéquat, mieux vaut laisser les travaux à un professionnel. Il n’est pas de chantier où les hasards soient plus présents que dans les travaux arboricoles. Les brans de scie revolent fréquemment dans les yeux, les branches peuvent tomber sur la tête, la bille de bois peut s’affaisser vers les pieds, la tronçonneuse peut rebondir et atteindre les jambes, bref, les risques sont omniprésents.

Il faut également évaluer ses aptitudes personnelles. Suis-je suffisamment manuel? Les conséquences d’une rénovation maladroite ne sont rien en comparaison avec une erreur lors d’un abattage. Suis-je à l’aise à manier une tronçonneuse? La force et la dextérité nécessaires pour l’opération d’une tronçonneuse peuvent s’acquérir avec le temps, il peut être souhaitable d’avoir d’abord de la pratique supervisée en maniant une tronçonneuse pour des travaux plus légers.

Puis, la sécurité de l’environnement. L’arbre risque-t-il de tomber sur une structure comme la maison, la piscine, une clôture, ou pire : dans une rue passante? Les lignes électriques ont-elles une quelconque chance de se retrouver dans la chute de l’arbre ? Si vous n’êtes pas en mesure de prévoir à 100 % la direction de la chute de l’arbre, sachant que le vent pourrait trahir même les plus précis des calculs, il faut être rigoureux. Si l’angle est prononcé à plus de 20 degrés, bien que cela puisse sembler devoir vous faciliter la vie, il y a des risques que le tronc éclate pendant que vous le tronçonnez. Les arboriculteurs connaissent la méthode à employer dans une telle situation, et il n’est pas suffisant de seulement lire pour l’apprendre. Dans le doute, il n’y a aucune honte à renoncer au projet.

Un conseil précieux serait de se trouver un camarade. Celui-ci pourra émettre son propre jugement et peut-être confronter le vôtre. Par suite, certaines situations problématiques peuvent mieux se régler à deux (manque de force, blessure, etc.). Le camarade pourrait aussi être utile dans le cas où vous choisiriez de tirer l’arbre à l’aide d’une corde.

Les outils de base

Pour faire votre abattage, vous aurez besoin d’une tronçonneuse. Mesurez le diamètre du tronc de l’arbre que vous voulez abattre et votre centre de location d’outils pourra vous recommander la tronçonneuse appropriée. Vous devrez avoir un bidon d’essence avec de l’essence mélangée avec l’huile appropriée pour votre tronçonneuse. On recommande aussi d’avoir une corde de rétention spécialement conçue pour l’arboriculture, mais le coût peut justifier d’opter pour un simple coin d’abattage. Pour l’utilisation du coin, il faudra aussi être muni d’une masse ou d’un merlin. Il existe d’autres outils plus sophistiqués, mais ils sont généralement utilisés par les professionnels pour des travaux d’envergure dont nous ne recommandons pas l’exécution par les non professionnels.

La démarche

Une fois que vous avez votre équipement de sécurité, votre équipement de base et que vous avez évalué que les risques pour votre sécurité sont nuls et les risques pour la propriété privée est faible, vous êtes prêts à effectuer les travaux, voici la démarche à suivre.

Déterminez l’angle de chute naturelle de l’arbre. C’est cet angle qui déterminera la direction de votre coupe. Il est vrai que les professionnels sont en mesure de changer cette direction, soit à l’aide de cordes pour une modification drastique de la direction, soit par une technique de coupe pour une redirection légère. Or, ces méthodes sont réservées justement pour les arboristes d’expérience. Si vous jugez que l’angle de chute naturelle n’est pas approprié pour la situation de l’arbre en fonction des structures, mieux vaut céder votre place à un professionnel.

 

Comment mesurer un arbre

Comment mesurer un arbre – Figure 1

Une fois la direction déterminée, il faut mesurer l’arbre (à moins qu’il n’y ait absolument aucune structure en direction de la chute). Il est possible d’utiliser une vieille méthode de bûcheron pour connaître cette hauteur sans effort. On se place devant l’arbre à l’endroit de son angle de chute naturelle. Avec un bâton de même longueur que son bras et que l’on tient par la base, étendre le bras vers l’avant. En regardant le bâton, tout en ayant l’arbre dans le champ de vision, on recule jusqu’à ce que la pointe du haut de l‘arbre « touche » le bout du bâton. À ce moment, mettre un marqueur juste en dessous de vos pieds. La tête de l’arbre tombera à cet endroit exactement.

Si une structure se trouve dans le chemin, vous pouvez alors la déplacer. Si ce déplacement est impossible, nous vous recommandons l’intervention d’un professionnel. Comme nous le disions plus tôt, la modification de la direction de la chute de l’arbre est une opération très délicate, au point que bien des arboristes préféreront grimper l’arbre pour l’abattre en morceaux que de risquer une coupe directionnelle.

Vous êtes prêt à commencer l’abattage. L’idéal est d’élaguer le bas de l’arbre s’il se trouve des branches qui nuisent à vos déplacements ou vous empêchent d’atteindre le tronc. Ce sera généralement nécessaire pour les conifères comme les épinettes. Si vous faites cette étape, il faut absolument enlever les branches d’autour de vous. Celles-ci pourraient vous faire trébucher lors de votre retraite pendant la chute de l’arbre.

Zone de retraite

Zone de retraite – Figure 2

La prochaine étape consiste à prévoir la zone de retraite. En effet, bien que l’arbre devra tomber dans la direction choisie, il peut y avoir des rebondissements ou des éclatements de tronc, deux cas qui peuvent provoquer un impact du tronc d’arbre avec l’opérateur de la tronçonneuse. Ainsi, on se prévoit une zone vers laquelle on se dirigera automatiquement aussitôt que l’arbre commence sa chute. La figure 2 montre la zone de chute en rouge et la zone de retraite en jaune. L’opérateur devrait choisir entre les deux directions indiquées par les flèches vertes, car le tronc pourrait rebondir vers l’arrière.

Si vous avez une corde de rétention spécialement conçue pour l’arboriculture, maintenant serait le temps de l’attacher dans le haut de l’arbre. On attache la tête de l’arbre en l’atteignant par une échelle, ce qui peut constituer une raison de ne pas opter pour cette méthode. Une fois la corde attachée, elle servira pour qu’une autre personne tire l’arbre lorsque l’entaille d’abattage sera effectuée. Il existe aussi une méthode sans corde pour laquelle nous utilisons des coins d’abattage et une masse ou un merlin.

Voir les techniques d’abattage des arbres

Vous êtes déjà presque rendu à l’abattage comme tel. Dans la direction de chute naturelle, faites l’encoche en forme de « v », que l’on appelle la « natch » en bon québécois. C’est dans cette direction que l’arbre tombera. Il ne reste qu’à abattre l’arbre. D’abord, regarder autour de soi et s’assurer que personne ne passe. Ne pas hésiter à crier un grand « attention ! » Conformément à l’illustration,

Entaille d'abattage - Trait d'abattage

Entaille d’abattage – Trait d’abattage – Figure 3

commencez le trait d’abattage légèrement au-dessus du bas de l’encoche en « v ».

Charnière - Zone de rupture

Charnière – Zone de rupture

Arrêtez de couper à deux centimètres de distance de l’encoche. Ceci est très important. En effet, le bois qui reste, c’est-à-dire ces deux centimètres que vous ne coupez pas est tout ce qui permet de contrôler la direction de la chute. Ce petit morceau de bois, qu’on appelle la charnière à cause de son rôle, forcera l’arbre à chuter dans la direction de l’entaille en « v ». Si l’arbre a une direction de chute naturelle assez prononcée, l’arbre devrait tomber tout seul. Aussitôt que l’arbre commence à bouger, se retirer dans l’une des deux directions déterminées lors de l’évaluation de la zone de retraite. Négliger cette étape pourrait être fatale : le moindre défaut dans l’encoche en « v » ou dans le trait d’abattage pourrait provoquer une bifurcation du tronc et le faire revenir sur l’opérateur. Par ailleurs, même en présence d’une exécution parfaite, les risques demeurent bien réels, c’est pourquoi il faut se retirer aussitôt que l’arbre bouge.

Si l’arbre est plutôt droit, il faudra recourir à la corde pour le tirer et le faire tomber, ou utiliser un coin d’abattage et une masse ou un merlin. Si vous avez opté pour la solution avec le coin et la masse, voici comment procéder. Il suffit de placer le coin dans le trait d’abattage, partie mince en premier. Ensuite, frapper le coin à l’aide de la masse ou du merlin, de sorte à enfoncer progressivement le coin dans le trait d’abattage. Ceci aura pour effet de forcer l’arbre à pencher vers l’encoche en « v » et éventuellement à tomber dans la direction désirée. Encore une fois, il faut impérativement se retirer par une des deux zones de retraite pour éviter tout accident.

Conclusion

Cet article ne vise pas à donner à tous le sentiment que l’abattage d’un arbre est facile et accessible à tous. La discrétion et le jugement de chacun sont requis pour déterminer la possibilité de travaux arboricoles sans l’aide d’un expert. Vous avez ici les étapes principales et minimales pour un abattage, mais cela n’exclut pas les possibilités d’accidents dans le cas d’une mauvaise évaluation de la situation de l’arbre. C’est pourquoi nous voulons insister sur la première étape : demander une ou plusieurs soumissions par des arboriculteurs certifiés. Cela vous donnera une idée de l’ampleur des travaux ainsi que des risques, tout en vous fournissant une évaluation des coûts pour des travaux professionnels. L’arboriculture en milieu urbain est un art en soi : il faut avoir l’oeil pour évaluer les risques liés aux lignes électriques, aux bâtiments et autres obstacles communs en milieu urbain (clôtures, piscines, cabanons, etc.). Si vous optez pour des travaux par vous-mêmes, assurez-vous de bien suivre les étapes et de ne jamais travailler seul.

Sources

Figure 1: http://www.mffp.gouv.qc.ca/forets/echo-foret/mai2001/feuillet/savoir/savoirmesure.htm

Figure 2: http://www.jardinissimo.com/abattre-un-arbre.html

Figure 3: https://lapassiondesjardins.wordpress.com/cours-theoriques/techniques-dabattage-des-arbres/

Figure 4: http://www.allo-olivier.com/Elagage/Abattage_Arbre_3.html

share

Dominic Perugino

Comments

  1. […] ses modes de reproductions. Il est capable de se reproduire à partir d’une souche après l’abattage, c’est-à-dire que ses rejets qui apparaissent à même la souche l’année d’après ne sont […]

  2. […] une compagnie sérieuse d’élagage et d’abattage d’arbres détient généralement une assurance variant d’un à deux millions de dollars. Faire les travaux […]

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *