Arboriculture 101


20 Mar 2015

L’arboriculture, un métier avec ses règles

Avec l’hiver qui se termine, il est temps de penser à l’entretien des arbres. Or, qui dit entretien, dit soin. Qu’est-ce à dire? Expliquons-nous : il existe des manières de traiter les arbres qui devraient être appelés par leurs noms propres, tels que le « massacrage », le dépouillement, la destruction ou encore la défiguration. En effet, que ce soit par ignorance, par mauvaise foi ou par indifférence, des improvisés du domaine de l’élagage font plus de tors que de bien aux arbres. Permettez-moi de parler au « je ». J’ai déjà entendu une cliente me dire qu’un (pseudo) élagueur lui avait conseillé de couper la tête de son arbre. Étant la pratique la plus nocive qui soit, ce dernier se contente de lui dire, je cite : « vous n’avez pas idée du bien que ça fera à votre arbre ». Ignorance, mauvaise foi, indifférence, jugez par vous-mêmes, une chose est certaine, il ne s’agit pas du métier d’élagueur, c’est autre chose. L’arboriculture est en revanche un soin, quelque chose dont l’arbre et le consommateur bénéficient. Celui qui magasine un élagueur devrait donc prendre en considération sa propre sécurité en même temps que le bien-être des arbres.

Entretenir pour l’écologie

Première des choses, pensons à l’écologie. Est-il besoin de rappeler la crise écologique de notre siècle? L’importance d’une flore et d’une végétation adéquate en milieu urbain est aujourd’hui absolument primordiale. Les arbres purifient l’air, réduisent les îlots de chaleur, contribuent à maintenir la faune (insectes et animaux), agrémentent le paysage, réduisent le stress, améliorent la qualité de vie, et nous en passons. Les arbres, même sur notre propriété, nous sont prêtés, c’est la terre et l’humanité entière qui en a besoin. Ainsi, les torts causés aux arbres ne sont pas seulement l’affaire de tel ou tel consommateur, mais d’un ensemble écologique qui est le bien de tous.

Entretenir pour la sécurité

Ensuite, la sécurité. Bien souvent, c’est avec la crainte de voir les arbres abîmer nos structures ou blesser des personnes que certains demandent des coupes drastiques. L’arboriculteur certifié, en revanche, connaît quel type d’élagage est approprié pour rendre un arbre sécuritaire. Lorsque le consommateur demande une coupe trop sévère, il ne réalise pas qu’en nuisant à la santé de l’arbre, celui-ci sera encore moins sécuritaire.

Entretenir pour la beauté

À ne pas négliger, c’est aussi l’esthétique qui fait l’importance des arbres. Un quartier rempli d’arbres matures augmente la qualité de vie, personne ne peut le nier. On ne peut s’empêcher de remarquer avec tristesse les quartiers qui n’ont presque pas d’arbres. Ce n’est donc pas surprenant que la présence d’arbres matures sur une propriété puisse augmenter sa valeur jusqu’à 15 %.

Qui, quoi, comment, pourquoi?

Reste à faire affaire avec une bonne compagnie, mais comment la reconnaître? Ce n’est pas si compliqué. Un arboriculteur ne fait pas que dire oui, oui,  à tout ce qu’on lui demande. Il refusera de faire de mauvaises coupes ou des travaux illégaux.

Les bonnes pratiques en arboriculture

Il faut trouver une équipe bien formée, qui priorise la santé de l’arbre. Une bonne façon de vérifier est de demander des travaux qui sont mauvais pour voir la réponse. Par exemple, si vous demandez à un élagueur de couper la tête ou la cime de votre arbre, la réponse qu’il faut recevoir est un « non » catégorique. En effet, un arboriculteur expert n’a pas peur de refuser des travaux. Celui-ci demande l’avis du client pour évaluer ses attentes, mais il y a des choses qu’il ne voudra pas faire. Enlever plus de 20 % de masse vivante est aussi quelque chose qu’il devrait refuser poliment.

Élagage standard

Si vous demandez à un arboriculteur de vous expliquer ce qu’il croit qui devrait être fait dans votre arbre, il devrait vous dire à peu près ceci : il faut dégager les structures, favoriser la circulation autour de l’arbre, enlever le bois mort et prévenir les cassures. C’est généralement ce qui doit être fait. On refuse de donner une forme qui n’est pas naturelle à l’arbre, comme la légendaire « boule » que beaucoup semblent vouloir. Du reste, l’élagueur ne coupera que le strict nécessaire. Il n’y a pas de bénéfice en soi à couper du bois vivant, chaque coupe est justifiée : bois mort, nuisance et risque de cassure.

Diplômes et certifications arboricole

Hormis la vérification que le consommateur devrait toujours faire quant à l’intention de l’élagueur de travailler selon les règles de l’art, quelques éléments clefs peuvent permettre de faire un choix éclairé. Le responsable de l’équipe a-t-il un diplôme professionnel ou est-il certifié par les normes d’un organisme comme la ISA? S’il ne possède ni l’un ni l’autre, vous avez probablement devant vous un improvisé du domaine. Ceci dit, il n’est pas impossible de trouver un autodidacte qui sache vraiment prodiguer des soins adéquats aux arbres, mais c’est votre risque.

Assurance et transaction

À la tentation de vouloir économiser les taxes, sonnons ici une petite cloche de conscience et de sagesse. L’élagage est une profession dangereuse avec d’innombrables risques. Pour le praticien d’abord, pour le consommateur ensuite, et pour les structures. Pas de facture, pas de protection, et surtout, pas d’assurance. Une compagnie sérieuse détient une assurance responsabilité d’au moins un million de dollars. Il s’agit d’une petite erreur et oups! Un bris sur la toiture, voiture, peinture, clôture et bien d’autres « ures » qui peuvent coûter cher. Protégez-vous! Exigez une facture, payez vos taxes, vérifiez l’assurance, et vous pourrez laisser le professionnel faire les travaux avec l’esprit tranquille.

Magasiner le prix : une nacelle?

Avec tout cela, il est évident que le prix le plus bas ne doit pas forcément faire loi. Un soi-disant élagueur qui offre un bon prix, mais qui dévoile les signes marquants de l’imposture dont nous venons de parler ne devrait pas figurer parmi vos choix. Or, le plus cher n’est pas plus garant. Un élagueur paresseux peut bien vous faire croire qu’il faut absolument une nacelle pour la taille d’un arbre, il grimpera alors le prix. Naturellement, le consommateur aura du mal à déterminer lui-même ce qu’il en est, mais les estimations étant généralement gratuites, il pourra se faire une idée avec les opinions différentes. De toute façon, si un professionnel dit être capable de faire les travaux sans nacelle, cela ne devrait pas vous faire jongler : s’il détient la formation et les assurances, faites-lui confiance. Quand une nacelle est requise, les grimpeurs qui n’en possèdent pas vous le diront et vous recommanderont sûrement un partenaire qui on possède une.

Magasiner le prix : une déchiqueteuse s.v.p.!

Chose à ne pas oublier : les branches. Cela peut faire monter ou baisser drastiquement le prix, il faut s’assurer que l’on compare des pommes avec des pommes. Il ne faut donc pas oublier de demander si l’équipe dispose d’une déchiqueteuse à chaque soumission, pour s’assurer de ne pas rester avec un tas de branches sur sa pelouse suite à un très bon « deal ».

Magasiner le prix : évaluer les travaux

Le prix variera en fonction de la grosseur de l’arbre et de son environnement. Pour ce qui est de la grosseur, il va de soi qu’un arbre plus gros augmentera le temps et, par le fait même, le coût des travaux. Puis, l’environnement influencera le prix selon les mesures supplémentaires à prendre. Un arbre en arrière-cours demande plus de temps pour débarrasser les branches et les amener jusqu’à la déchiqueteuse. La présence de structures fragiles, par exemple une piscine, obligera l’équipe à descendre les branches une par une avec une corde, ce qui demande du temps.

Magasiner le prix : garder le bois

Pour un élagage, il ne faut pas s’attendre à recevoir un rabais si l’on demande de garder le bois pour en faire du bois de chauffage. En effet, l’équipe étant déjà disposée à déchiqueter les branches dans un temps qui est équivalent à les couper et à corder le bois pour vous, le prix ne baissera pas. Mais dans le cas d’un abattage considérable, l’équipe d’élagueurs aura généralement beaucoup de temps et d’effort à mettre pour débarrasser les grosses bûches. De plus, le bois d’abattage oblige souvent les élagueurs à faire un voyage de plus juste pour vider leur camion de paillis et de bois. Ainsi, dans le cas d’un abattage, négociez le prix pour garder le bois qui est bon à brûler sur place. Le rabais, additionné à la valeur du bois, vous donnera une valeur sûre. Par ailleurs, il est possible de placer son bois sur un site comme kijiji pour le vendre ou le donner.

Étant avertis quant aux règles de base en arboriculture, il ne reste qu’à la bonne volonté du citoyen de les faire respecter. Il est possible de joindre écologie et économie dans ce domaine parfois déroutant. Il suffit de poser les bonnes questions…

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Dominic Perugino

Comments

  1. […] L’arboriculture est un métier dangereux, tant pour les praticiens que pour les structures. Chaque mouvement dans un arbre et chaque coupe nécessite des calculs précis et une dextérité parfois athlétique. Quoi qu’on puisse penser, il est primordial de faire des travaux déclarés. La tentation de faire des travaux au noir pourrait avoir des conséquences dévastatrices. Si les travaux ne sont pas enregistrés, vous n’êtes pas protégés en cas de bris sur votre propriété. De plus, un arboriculteur qui se blesse sur votre propriété en effectuant des travaux non enregistrés pourrait vous poursuivre pour quelque raison que ce soit. Mieux vaut respecter les règlements municipaux, demander une facture et vérifier l’assurance responsabilité de la compagnie. Nous vous déconseillons de faire affaire avec une compagnie qui suggère ou accepte de faire des travaux non déclarés. […]

  2. stéphane DeSève : avril 9, 2017 at 2:12 am

    Est-ce que les racines peuvent-elle défoncer les piscine, muret, fondation, tuyau, égoût etc?

    • Dominic Perugino : avril 10, 2017 at 10:25 am

      Les racines sont plus souvent des catalyseurs de dommages déjà présents. Si vos structures sont toutes intègres, et si une distance de trois mètre est respectée, les racines ne peuvent pas défoncer quoi que ce soit.

  3. […] les enjeux éthiques et les dangers de certains métiers, en particulier dans le domaine de l’arboriculture, le travail au noir est une très, très mauvaise idée. Voyons plus en profondeur les raisons de […]

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